Le Directeur général de SUNU Assurance Vie Burkina Faso, Jean-François-Régis KAMBOU

Le Directeur général de SUNU Assurance Vie au Burkina, Jean-François Régis Kambou s’est confié au média basé en Angleterre, Africa Ahead, à propos du marché de l’assurance vie dans la zone CIMA (conférence interafricaine du marché de l’assurance). Egalement directeur de la zone UEMOA Ouest du groupe qui comprend le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal , Monsieur Kambou soutient que l’assurance vie doit absolument être une priorité dans les politiques de développement des pays en voie de développement.

Dans une longue interview accordée au média anglais spécialisé sur le marché de l’assurance, Africa Ahead, le directeur général (DG) de SUNU Assurance Vie au Burkina Faso, Jean-François Régis Kambou, soutient que contrairement à une certaine croyance, ce sont plutôt les personnes démunies qui ont le plus besoin d’assurance.

« Sous nos tropiques, on a tendance à croire que ce sont les personnes les plus nanties qui ont besoins d’assurance. Nous, nous disons le contraire, car ce sont les pauvres qui ont le plus besoin de protection, de sécurité sociale », explique-t-il.

De son avis, l’assurance est le support qui permet de ne pas perdre pied lorsqu’un sinistre survient que ce soit au sein d’une famille ou dans une entreprise ; autrement dit d’avoir des ressources financières pour rebondir.

Prenant le cas où le chef de ménage décède, Monsieur Kambou note que le plus souvent, sa famille se retrouve dans une fragilité extrême. Mais si derrière, il existe un acteur comme l’assurance vie pour au moins atténuer les conséquences économiques et financières de la disparition de cette personne, cela aurait l’avantage de permettre à cette famille de pouvoir survivre. Il en est de même lorsqu’un moyen économique d’une personne qualifiée de pauvre subit un sinistre, alors qu’il n’a plus d’autres recours ou ressorts ; pourtant ; , s’il était assuré, cela lui permettrait de continuer son activité.

C’est pourquoi le responsable de SUNU Assurance Vie Burkina Faso estime que l’assurance vie doit absolument être une priorité dans les politiques de développement de nos pays.

« Les assurances vie offrent des produits ou des solutions qui permettent d’atténuer les conséquences financières et économiques des risques liés à la durée de la vie humaine, qu’il s’agisse des questions de retraites, de décès ou d’invalidité. De ce point de vue, le système d’assurance touche l’humain, la sécurité sociale. Par conséquent, les politiques publiques devraient faire de l’assurance vie une priorité, car elle permet également de collecter des ressources et de l’épargne longue qui peuvent être mises à la disposition de nos Etats pour financer des projets structurants de développement », détaille-t-il.

Booster l’assurance vie par des fiscalités spécifiques

Il en veut pour preuve, l’impact socioéconomique que peut causer la décadence ou le décès d’un important opérateur économique d’une localité quelconque.

« Par exemple, dans une localité où un opérateur économique, un salarié ou un chef d’entreprise vient à être invalide ou disparait, sachant le nombre de personnes qu’il prend en charge, vous imaginez les conséquences économiques », s’interroge-t-il, pointant le rôle majeur qu’aurait l’assurance vie en pareille circonstance, à la fois en tant que moyen de lutte contre la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie des populations.

Considérant ce rôle primordial de l’assurance, et spécifiquement de l’assurance vie, dans le développement socioéconomique des Etats, Jean-François Régis Kambou, plaide pour que les pays de la zone CIMA entreprennent des mesures incitatives pour booster davantage le secteur assuranciel.

« Dans tous les pays où l’assurance vie s’est développée pour atteindre des proportions importantes, il y a eu des mesures incitatives, avec la mise en place des fiscalités spécifiques. L’assurance dans la zone CIMA fait l’objet d’une fiscalité spécifique en matière de taxation ; mais pour le reste, le secteur des assurances est traité sur le même pied d’égalité que les autres secteurs », relève-t-il.

Cela d’autant plus que l’assurance vie est la branche d’assurance qui peut mobiliser d’importantes ressources susceptibles d’être réinjectées dans l’économie pour booster le développement, la croissance des économies nationales.

« Je lance un cri de cœur à nos décideurs pour qu’ils s’intéressent davantage aux assurances de façon générale et à l’assurance vie de façon particulière. Dans nos pays, lorsqu’il est question de finance, de fora sur l’éducation financière, on convie toujours les banquiers mais jamais les assureurs », déplore Monsieur Kambou.

Comparés aux marchés développés, nous avons pratiquement les mêmes types de produits d’assurance vie.

 

Il insiste sur le fait que l’acteur économique qui garantit la stabilité et la sécurité des investissements est l’assureur, la banque donne l’argent mais ne sécurise pas l’investissement.

Les assureurs, les grands oubliés de l’Etat…

Poursuivant, il souligne que généralement, dans les négociations de gros contrats d’Etat à Etat, nos pays embarquent les banques mais pas les assurances, si bien qu’à la fin, les assurances liées à ces gros investissements vont à des compagnies d’assurance hors zone CIMA, tout simplement parce que les partenaires de nos Etats qui sont sensibilisés à la sécurisation des investissements, viennent avec leurs assureurs, tandis que nos Etats partent aux négociations sans se faire accompagner par leurs compagnies assurances.

En plus de mesures incitatives, le patron de la compagnie d’assurance vie souhaite également que les autorités dans la zone CIMA rendent obligatoires certains types d’assurance vie.

« Les assurances obligatoires apportent une sécurité fondamentale aux populations et leur introduction permettrait de renforcer la protection sociale de manière significative. Mais, il est essentiel que ces assurances obligatoires soient adaptées aux réalités économiques et progressivement mises en place pour maximiser leur impact », précise-t-il.

Au Nigéria par exemple, l’employeur a une obligation de souscrire une assurance en cas de décès ou d’invalidité pour l’ensemble de son personnel. Ce qui n’est pas le cas chez nous ! Tout comme on rend obligatoire la déclaration à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), on peut rendre obligatoire le fait pour chaque employeur de souscrire une assurance en cas de décès ou d’invalidité totale ou définitive pour son personnel en activité, pour ainsi permettre à la famille de l’employé de survire pendant au moins un ou deux ans, en attendant des lendemains meilleurs, poursuit le spécialiste en assurance vie.

L’assurance indemnité de fin de carrière pourrait être la deuxième assurance à rendre obligatoire. C’est une obligation pour tout employeur de payer une indemnité de fin de carrière pour tout employé qui a passé un certain temps dans l’entreprise. C’est une obligation assurable auprès d’un assureur. Que l’Etat aille jusqu’au bout de sa logique, en exigeant des entreprises le respect de cette obligation.

Nonobstant les contraintes, Jean-François Régis Kambou reste confiant sur la croissance du marché assuranciel dans la zone CIMA et particulièrement au Burkina Faso.

Un avenir promoteur malgré tout

« Le marché de l’assurance vie dans la Zone CIMA, y compris au Burkina Faso, connaît une croissance continue. Particulièrement sur le marché burkinabè, de 2000 à 2023, l’assurance vie a connu un taux de croissance annuelle à deux chiffres. En 2000, la part de l’assurance vie dans le chiffre d’affaires des assurances était d’à peine 10%. En fin 2023, l’assurance vie représente près de 44% de chiffre d’affaires de l’assurance au Burkina. Pour un chiffre d’affaires global de 158 milliards F CFA, cela représente environ 70 milliards F CFA. Pour ce qui est des règlements des sinistres, ils représentent 25% à 30% du chiffre d’affaires. A SUNU Assurances vie, en 2023, nous avons payé environ deux milliards F CFA de sinistres liés aux cas de décès, sur un total de prestations de l’ordre de six milliards F CFA », illustre  le patron de SUNU Assurance vie Burkina Faso.

Monsieur Kambou est tout autant optimiste quant à un meilleur  avenir de l’assurance vie au pays des Hommes intègres. « L’assurance vie a encore un avenir prometteur malgré les freins et difficultés évoqués plus haut. Surtout que de plus en plus, nos leaders politiques comprennent la place prépondérante de l’assurance vie dans nos économies. Nous avons donc espoir que des mesures incitatives vont venir progressivement », professe-t-il.

Plusieurs produits d’assurance vie existent sur le marché burkinabè selon qu’ils sont de la branche prévoyance (décès, invalidité, etc.), épargne (retraite) ou mixte. Il y a aussi de plus en plus des produits multi-supports, ajoute le DG de SUNU Assurance vis Burkina Faso. Ce sont des produits de capitalisation, avec une partie en franc et l’autre en valeur boursière.

« Comparés aux marchés développés, nous avons pratiquement les mêmes types de produits d’assurance vie. La différence se trouverait au niveau des spécifications de certains produits. Sinon, de façon globale, nous avons les mêmes capacités de production, d’offre de produits d’assurance ; c’est l’environnement qui diffère, et surtout une question de mesures incitatives à mettre en place chez nous », conclut Jean-François Régis Kambou.

Synthèse de Mouni N’GOLO

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