Le premier Sommet de la Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable ou The Nairobi Declaration on Sustainable Insurance (NDSI), tenu en début avril 2025 à Accra, au Ghana, appelle à un changement de paradigme dans le secteur de l’assurance en Afrique, à travers la mise en place des solutions assurancielles innovantes et durables. Une option qui devrait permettre au continent de « renforcer la résilience face aux risques climatiques, développer l'assurance agricole et l'assurance des énergies renouvelables, tout en libérant le potentiel du capital d'assurance pour les investissements durables ».
La promotion de l’assurance durable devient de plus un sujet préoccupant en Afrique. Les enjeux et les défis du développement des assurancielles qui intègrent la durabilité et l’inclusion étaient au centre des discussions du premier sommet de la Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable ou The Nairobi Declaration on Sustainable Insurance (NDSI), tenu du 2 au 4 avril 2025 à Accra, au Ghana.
Organisé par la NDSI, en collaboration avec la Commission nationale des assurances du Ghana, avec le soutien de la FSD Afrique, cette rencontre de haut niveau, qui a connu la participation de plus de 250 dirigeants du secteur de l'assurance, régulateurs et décideurs politiques du continent, a passé en revue les problématiques critiques liées au développement de l’assurance durable en Afrique, « avec un accent particulier sur la gestion des risques de catastrophe, la résilience climatique et le rôle de l'assurance dans une transition juste vers une économie durable ».
Cette rencontre internationale a servi de tribune pour les leaders de l’industrie assurancielle, les régulateurs et les décideurs politiques d’explorer les stratégies pour renforcer la résilience face aux risques climatiques, développer l'assurance agricole et l'assurance des énergies renouvelables, tout en libérant le potentiel du capital d'assurance pour les investissements durables.
Pour le Commissaire à la Commission nationale des assurances du Ghana, Dr Abiba Zakariah, avec des pertes financières en Afrique liées au changement climatique estimées à environ 440 milliards de dollars, l’assurance durable est un impératif pour la résilience du continent face à crise climatique et ses innombrables impacts sur son développement durable.
Un levier de durabilité et de résilience
« Nous pouvons survivre à la crise et assurer la sécurité de l'Afrique en tant qu'assureurs, en nous développant de manière durable et en protégeant les plus vulnérables. J'appelle les assureurs à s'adapter et à se revitaliser pour construire un avenir plus résilient », a-t-il souligné. Mais, est-il convaincu, le développement d’un secteur plus durable et inclusif ne pour se faire sans une synergie d’action, une plus grande collaboration au sein de l'industrie de l'assurance. Cela implique également que le secteur se réinvente, procède à un changement de paradigme.

Partant d’études de cas sur les produits d'assurance agricole, les obstacles réglementaires et les possibilités d'étendre les solutions d'assurance paramétrique à travers l'Afrique, les parties prenantes du secteur assuranciel ont souligné la nécessité de relever les défis de la souscription contre les risques agricoles et les risques de catastrophe, tout en rappelant le rôle des pouvoirs politiques dans la promotion de ce type de produits d’assurance.
Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable ou The Nairobi Declaration on Sustainable Insurance (NDSI)
Lancée en avril 2021, la Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable est un engagement des dirigeants du secteur africain de l'assurance à soutenir la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations unies (ODD). Accréditée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement, Principes pour l'assurance durable (UNEP PSI) et avec plus de 230 signataires, elle promeut l'action du secteur africain de l'assurance en faveur des objectifs de développement durable.
Cette initiative centrée sur l'Afrique a été conçue pour encourager et soutenir les acteurs du marché africain de l'assurance à s'engager dans des pratiques d'assurance durables. Il s'agit également d'une plateforme de rassemblement pour une voix africaine unie sur la scène mondiale sur les questions de changement climatique affectant le continent et le secteur de l'assurance. La Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable est une alliance de hauts responsables de l'écosystème de l'assurance en Afrique qui se sont engagés à accélérer les solutions aux principaux défis en matière de durabilité - allant du changement climatique et de la dégradation des écosystèmes à la pauvreté et aux inégalités sociales - en particulier dans un monde post-Covidus-19.
À ce jour, plus de 230 assureurs, réassureurs et courtiers ont signé la déclaration et se sont engagés dans les cinq domaines clés que sont la gestion des risques, l'assurance, l'investissement, l'engagement politique, réglementaire et sectoriel, et la réflexion et les pratiques en matière d'assurance durable.
Source : NDSI
L’Etat du Ghana semble déjà avoir pris la pleine mesure des enjeux et défis à la promotion d’une assurance durable sur le continent africain, comme levier de durabilité, de résilience et de protection des couches vulnérables.
« Un secteur de l'assurance durable est essentiel pour protéger les assurés. Le gouvernement travaille avec la Commission nationale des assurances pour y parvenir. En tant que pays, nous sommes très vulnérables au changement climatique et nous devons accélérer les modèles agricoles pour protéger les petites exploitations. En ce qui concerne l'énergie verte, le secteur de l'assurance a un rôle central à jouer dans le développement de solutions d'assurance pour promouvoir les solutions vertes. Nous devons dérisquer les produits d'énergie verte », a confié le ministre ghanéen des finances et de la planification économique, Cassiel Ato Forson.
Rôle clé dans la mobilisation des capitaux pour les investissements durables
Et ce soutien des assureurs au secteur des énergies renouvelables en pleine croissance s’impose. Car, au regard de l'importance des investissements de base requis pour les projets d'énergie renouvelable, les solutions d'assurance peuvent contribuer à réduire les risques des investissements et à attirer les financements du secteur privé, ont reconnu les participants au sommet.
Pour preuve, selon les Nations unies, les mécanismes de réduction des risques soutenus par l'assurance pourraient contribuer à débloquer jusqu'à 2,8 billions de dollars de financement climatique d'ici à 2030. Autrement, le secteur africain de l'assurance peut tirer parti du capital d'assurance pour modifier le profil de risque des projets d'énergie renouvelable et attirer ainsi des investissements privés.
Ce rôle de l’industrie africaine de l'assurance dans la mobilisation de capitaux pour les investissements durables est tout aussi central, car, au-delà de leur statut de souscripteurs, les assureurs constituent également d'importants investisseurs institutionnels, surtout grâce à leurs portefeuilles long terme qui sont à même de contribuer à des changements systémiques sur le continent.
Malheureusement, le constat est qu’« en Afrique, seule une fraction des capitaux d'assurance est actuellement déployée dans des investissements verts, résilients ou inclusifs ». C’est pourquoi la Déclaration de Nairobi sur l'assurance durable multiplie les actions de sensibilisation, à l’effet d’inverser considérablement la donne et tirer parti de toutes les potentialités de l’industrie assurancielle.
« Le secteur de l'assurance possède un immense potentiel en tant que catalyseur d'un changement significatif. La NDSI se consacre à la sensibilisation, au plaidoyer pour l'intégration de l'assurance durable dans les modèles d'entreprise de base, et à la promotion d'une perspective africaine unifiée sur les pratiques d'assurance durable », a conclu le président de la NDSI et PDG du ICEA Lion Group, Philip Lopokoiyit.
Synthèse de la Rédaction
Source : NDSI
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