Les experts agréés du Burkina Faso tiennent leur premier forum sous le thème : « expertise nationale : état des lieux, place et rôle dans le développement socio-économique du Burkina Faso », les 26 et 27 novembre 2024, à Ouagadougou. Deux jours d’échanges, de réflexions pour poser les bases d’une expertise nationale au service d’un avenir durable inclusif du pays des Hommes intègres.
Le Burkina Faso regorge, à l’interne comme à l’international, de compétences avérées dans tous les domaines de développement. Malheureusement, ces talents ne sont pas toujours valorisés comme il se doit, limitant ainsi leur pleine contribution au développement socioéconomique du pays. L’Agence de Promotion de l'Expertise Nationale (APEN) veut changer cette donne. Pour ce faire, elle organise le premier Forum des experts agréés (FEA), les 26 et 27 novembre 2024, à Ouagadougou, autour du thème : « expertise nationale : état des lieux, place et rôle dans le développement socio-économique du Burkina Faso ».

Cette 1ère édition du Forum des experts agréés est placée sous le haut patronage du Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla (milieu).
Pour le président de l’Assemblée générale de l’APEN, Noufou Gnampa, cette 1ère édition du FEA se veut un cadre d’échanges, de réflexions, à l’effet d’apporter des réponses idoines à plusieurs interrogations fondamentales. Il s’agit, entre autres, de comment structurer davantage l’expertise nationale pour accroître son impact, de comment développer une expertise nationale endogène et en faire un outil de souveraineté, un levier pour lutter contre le chômage par la création d’emplois massifs ; de comment valoriser les produits d’experts nationaux sur les marchés internationaux et tout en renforçant la contribution de l’expertise nationale à la diplomatie et au rayonnement du Burkina Faso.
Les réponses à ses questionnements sortiront des trois panels autour des sous-thèmes que sont : « la mobilisation des experts pour leur adhésion à l’APEN : état des lieux, faire de l’APEN une institution solution, stratégie de participation », « la contribution des experts nationaux à la création d’emplois : états des lieux, opportunités, objectifs possibles et mesures d’accompagnement » et « la contribution des experts nationaux à la gestion de la crise sécuritaire et humanitaire état des lieux, objectifs possibles et mesures d’accompagnement ».

Les échanges vont également s’articuler autour des communications avec des structures partenaires.

En attendant les résultats, le président Gnampa a profité de la tribune qui lui est offerte pour traduire la gratitude de la communauté des experts agréés au gouvernement et à tous les acteurs pour ce qu’ils ont fait et font pour la promotion de leur profession. Il a également saisi l’occasion pour mener le plaidoyer auprès du Premier ministre pour une pleine reconnaissance de la valeur des experts et des produits d’expertise nationale. Et cela peut s’opérer à travers une augmentation des offres de prestations confiées aux experts privés, une allocation d’une part des projets nationaux aux opérateurs privés, notamment en réservant au moins 25 % des portefeuilles aux bureaux d’études.
« Maximiser l’impact de l’expertise nationale »
L’accompagnement des pouvoirs publics peut également se traduire par le soutien aux produits à forte valeur ajoutée des experts, dont certains bien que recommandés par de hautes autorités sont toujours en attente d’implémentation, et le renforcement du soutien financier et politique à l’APEN pour un plein accomplissement de ses missions.

Tout en félicitant les experts pour le choix porté sur lui comme parrain de leur premier forum, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Aboubakar Nacanabo, s’est appesanti sur la place centrale des compétences locales dans le processus d’édification de toute nation.
« Dans un monde marqué par des défis complexes et interconnectés, les pays qui réussissent sont ceux qui savent mobiliser efficacement leur savoir-faire local. L'expertise nationale représente bien plus qu’un simple capital de compétences : elle est un levier stratégique pour la souveraineté, la compétitivité et la résilience de notre économie », a-t-il martelé.
Paraphrasant Paul Valéry, il a fait savoir que les experts burkinabè ont cet art de rendre clair ce qui est confus et utile ce qui est compliqué, de traduire les défis en opportunités et de transformer les visions en actions concrètes. Et d’ajouter qu’en tant que conseillers stratégiques, acteurs de la veille technologique et partenaires indispensables pour garantir la qualité et la durabilité des projets de développement dans les domaines de l’agriculture, de l’agro-industrie, de la santé, de l’énergie, du conseil, etc., les experts agréés jouent un rôle clé dans l'accompagnement des politiques publiques, le renforcement des capacités institutionnelles et la transformation des entreprises.
Cependant, des contraintes de divers ordres freinent encore la pleine expression de ce potentiel. Elles ont pour nom le manque de coordination entre les différents acteurs et structures, la sous-valorisation des compétences locales, souvent au profit de l’expertise internationale, l’insuffisance de cadres réglementaires favorisant l’épanouissement des experts agréés, le faible financement des initiatives locales et le manque d’incitations pour attirer les experts burkinabè de la diaspora, a diagnostiqué le ministre expert en fiscalité internationale. C’est pourquoi, ce forum constitue un plateau clinique pour trouver la thérapie à ces maux.
« Le Burkina Faso regorge de talents, de spécialistes et d'experts dans divers domaines. Cependant, force est de constater que l'exploitation et la mise en réseau de ces compétences restent encore en deçà de leur potentiel. Ce forum constitue donc une opportunité inédite pour dresser un état des lieux objectif, identifier les lacunes, et proposer des stratégies innovantes pour maximiser l’impact de notre expertise nationale », a-t-il soutenu.
Un pilier pour bâtir un avenir durable et inclusif
Mieux, ce forum constitue une occasion unique pour poser les bases d’un écosystème où l’expertise nationale sera un moteur du développement durable, a-t-il ajouté. En attendant les conclusions qui sortiront du forum, le parrain a appelé toutes les parties prenantes à créer un cadre institutionnel renforcé pour la reconnaissance et la promotion des experts nationaux, faciliter le financement de l'expertise locale à travers des partenariats public-privé innovants, promouvoir la formation continue afin d’adapter les compétences locales aux mutations technologiques et économiques ; mais aussi à encourager la collaboration avec la diaspora burkinabè, qui constitue un vivier de talents et d’expériences, à développer une plateforme numérique pour cartographier et connecter les experts agréés avec les besoins des secteurs public et privé.

Livrant le discours d’ouverture, au nom du Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Serge Poda, s’est réjoui de la tenue de ce forum qui est en phase avec la vision du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, et son gouvernement, qui est d’assurer la souveraineté du pays à tous les niveaux.
« Le développement de l’expertise nationale est l’un des piliers essentiels de notre souveraineté en termes d’innovation, de changement de paradigme et de formulation de politiques et stratégies audacieuses », a-t-il confié.
Et le rôle de l’expertise locale est d’autant plus essentiel que le pays des Hommes intègres traverse une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent qui affecte ses efforts de développement socioéconomique.
« L’expertise nationale ne saurait être un simple atout, mais bien un pilier pour bâtir un avenir durable et inclusif pour notre nation. Votre rôle n’est pas seulement d’analyser mais aussi de transformer ses analyses et réflexions en actions concrètes qui engagent note pays dans son processus de développement », a ajouté le ministre Poda.
Et il n’y a pas d’autres alternatives, dans la mesure où le pays doit compter sur ses ressources et savoir-faire locaux de ses fils et filles pour assurer sa croissance endogène.
C’est pourquoi, il a appelé les experts nationaux à remplir la part de mission qui est la leur.
Ra-Yangnéwindé
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