L’année 2024 a marqué une nouvelle étape dans le développement de la microfinance au sein de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Selon le rapport de la BCEAO publié le 17 avril 2025, les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ont poursuivi leur dynamique de croissance, tout en faisant face à des défis structurels persistants.
Les institutions de microfinance de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) totalisent un encours total de dépôts de 2 459 milliards de FCFA, soit une augmentation trimestrielle de 1,6 % (+38,8 milliards FCFA) et une progression annuelle de 8,1 %. La BCEAO a publié la situation des systèmes financiers décentralisés au sein de l’espace UEMOA à la date du 31 décembre 2024 et ce point révèle que la Côte d’Ivoire (+3,6 %), suivie du Burkina Faso (+3,3 %) et du Sénégal (+2,9 %) constituent le trio de tête de la croissance du secteur, tandis que le Bénin (-7,0 %) et le Togo (-0,5 %) ont réalisées les plus fortes baisses de l’Union. Les dépôts à vue établis à 2 458, 976 milliards F CFA ont représenté 55,8 % de l'épargne totale mobilisée. Le montant moyen des dépôts par client s'est établi à 128 596 FCFA, marquant un léger repli trimestriel (-0,3 %) mais en hausse annuelle de 1,9 %.
Concernant les crédits, l'encours global dans la région a atteint 2 695,2 milliards F CFA, soit une hausse trimestrielle de 5,0 % (+128,5 milliards F CFA) et une progression annuelle de 5,3 %. La Côte d’Ivoire (+6 %), le Burkina Faso (+5,6 %) et le Sénégal (+4,6 %) réalisent encore les meilleurs taux de croissance de l’encours du crédit. Cependant, le Niger (-1,7 %) et la Guinée-Bissau (-7,3 %) affichent les plus grosses baisses.
Inclusion financière et participation des groupes cibles
La clientèle masculine des institutions de microfinance a bénéficié de 52,6% des crédits, tandis que les femmes et les groupements ont respectivement bénéficié de 19,2% et 28,2% des concours accordés. Le montant moyen des crédits octroyés par client a connu une hausse de 3,0% pour atteindre 140.949 FCFA à fin décembre 2024, en lien avec l’augmentation plus rapide des crédits (+5 %) que celle du nombre des clients (+1,9 %). Cependant, en glissement annuel, le montant moyen des crédits octroyés par client a baissé de 0,8 %.
Le taux brut de dégradation des portefeuilles de crédit a baissé à 8,9 % à la fin de 2024, contre 10,5 % au trimestre précédent. Malgré cette amélioration, ce taux reste bien au-dessus de la norme maximale de 3,0 % et montre une dégradation par rapport à décembre 2023 qui était de 6,9 %.
Neuf institutions de microfinance sont actuellement sous administration provisoire dont trois au Bénin, deux au Niger, et un Burkina Faso, en Côte d’Ivoire au Mali et au Togo. Ce qui souligne la nécessité de renforcer la gouvernance des institutions de microfinance.
Avec 533 institutions et 19,1 millions de clients, le secteur de la microfinance reste un levier essentiel pour le développement économique et l’inclusion sociale dans l’UMOA. Toutefois, des efforts restent nécessaires pour améliorer la gestion du risque de crédit et assurer la viabilité des SFD.
Ainsi, bien que 2024 ait été marquée par une croissance solide, des défis liés à la qualité des portefeuilles et à la gouvernance exigent une attention particulière afin de permettre au secteur de la microfinance dans l’UMOA de continuer à jouer un rôle clé dans la transformation économique de la région.
Mouni N’GOLO
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