Figure connue du secteur africain des assurances, l’actuel Directeur général de NSIA Assurances Togo, Constant Yao Djeket, a aussi dirigé NSIA Assurances Mali et NSIA Assurances Guinée. Diplômé de l’ESSEC et de CNAM en actuariat à Paris, il a d’abord travaillé en France, avant de rentrer en Afrique pour mettre son expertise au service de son continent. Après plus de 25 ans d’expérience dans ce secteur assurantiel, M. Djeket a mis, sur le marché du livre, il y a quelques mois, un ouvrage intitulé : « L’essentiel de l’Assurance vie ». Son objectif, contribuer à une meilleure appropriation de l’assurance vie et à son meilleur développement en Afrique. Dans cette interview qu’il a accordée à votre média en ligne C’Finance, il revient sur le contenu de son livre, notamment le rôle de l’assurance comme outil d’épargne, d’inclusion financière, de mobilisation des ressources humaines en entreprises, de financement structurant des Etats africains, mais aussi sur les défis à relever pour une meilleure croissance de cette branche d’assurance sur le continent. Il propose, entre autres, la mise en place des assurances obligatoires en Assurance vie.
C’Finance (C.F) : Pour commencer, qu'est-ce que l'assurance vie, pour les non-initiés ?
Constant Yao Djeket (C.Y.D): L'assurance se divise en deux grandes catégories. On a l'assurance non-vie qui regroupe tout ce qui est assurance de biens, de matériel, des biens des entreprises et les assurances de responsabilité civile. L'assurance vie est tout ce qui touche à l'intégrité physique de la personne. Elle regroupe toutes les catégories de contrats d'assurance qui sont liées soit à la survie d'une personne, soit au décès ou aussi les catégories de contrats d'épargne.
C.F : Quel est votre regard sur l'assurance vie sur le marché togolais, et plus globalement sur le marché de la zone UEMOA, de la zone CIMA ?
C.Y.D : Le marché togolais des assurances ressemble quasiment à tous les marchés d'assurance de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale. Il reste encore à l'état presque embryonnaire, c’est-à-dire que la population qui sait ce qu’est l'assurance vie et qui dispose d'un contrat d'assurance vie demeure très faible. Dans la plupart de nos pays, nous sommes à des taux de 3 à 5% de la population qui disposerait d'un contrat d'assurance vie, comparé au Maroc où on est au-delà de 15%. En France, par exemple, on est au-delà de 50%.
En général, en termes de parts de marché, l'assurance vie dépasse l'assurance non-vie en fonction du niveau de vie de la population. Par exemple, dans des pays intermédiaires ou développés, les primes d'assurance vie sont supérieures aux primes d'assurance non-vie. Mais, dans la plupart de nos marchés, aujourd'hui, l'assurance non-vie est encore devant l'assurance vie, à l'exception de la Côte d'Ivoire, où l'assurance vie a dépassé ou est en train de dépasser l'assurance non-vie. Mais globalement, c'est aussi un indice de mesure du niveau de développement de la population. Quand les personnes commencent à épargner ou à prendre des contrats pour leur survie ou pour protéger leurs ayants-droits, c'est un signe de développement du pays.
CF : Il y a quelques mois, vous avez mis sur le marché un livre intitulé : « L'essentiel de l'assurance vie ». Qu'est-ce qui a motivé cette prise de plume-là pour écrire sur un sujet comme l'assurance vie ?
C. Y. D : J'ai eu la chance d'avoir une carrière relativement riche, déjà de par mon cursus universitaire : mathématique, école de commerce et puis école d'assurance. Ensuite, j'ai commencé ma carrière en France où j'ai eu à exercer en tant que chargé d'études actuarielles. Après, j'ai fait du contrôle de gestion, de l'audit interne. Quand je suis rentré en Côte d'Ivoire, j'ai continué toujours dans l'assurance à faire du commercial, du marketing. J'ai donc eu la chance de toucher à plusieurs secteurs de l'assurance vie, de l'assurance de façon générale. Ensuite, j'ai travaillé dans plusieurs pays, en France, en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Mali et maintenant au Togo. Il m'a paru évident que toute cette somme d’expériences ou mes idées devraient être retranscrites dans un livre pour laisser une trace. J'estime avoir eu beaucoup de chance tout au long de ma carrière, et je trouverais dommage, à deux ans ou trois ans de la retraite, de ne rien laisser à la postérité.
La deuxième motivation est qu'effectivement, l'assurance vie est très mal connue. A travers toutes les personnes que j'ai pu rencontrer tout au long de ma carrière, qu’il s’agisse des prospects ou des clients ou des personnes, des entreprises que j'ai démarchées, il revenait souvent la question que vous m'avez posée en introduction : « c'est quoi l'assurance vie et à quoi ça sert ? ». J'ai voulu écrire un livre qui ne soit pas un ouvrage technique, mais qui détaille les usages possibles de l’assurance vie, qu’il s’agisse pour les individus, les entreprises ou l'État. Voilà ce que j'ai voulu mettre dans un livre : l'utilisation de l'assurance vie pour le bien des personnes, pour protéger les ayants-droits, pour le bien des entreprises, pour la gestion de leur capital humain, mais également pour nos États, utiliser le levier de l'assurance vie comme outil de développement.
C.F : L'assurance vie est plus connue comme un outil de protection sociale, de prévoyance, mais dans votre livre, vous écrivez qu'il est aussi un outil de transmission de patrimoine, d'inclusion financière, de gestion des ressources humaines, d'optimisation fiscale pour les entreprises. Concrètement, comment l'assurance vie peut jouer tous ces rôles-là ?
C.Y.D : D’abord, l'assurance vit comme outil d'épargne. En assurance vie, il y a par exemple des contrats d'assurance retraite, des contrats d'assurance études, qui sont en réalité des contrats d'épargne. Il s'agit pour le client de payer chaque mois un montant régulier pour épargner sur son contrat d'assurance. Et c'est ce capital qui est rassemblé qui permet de préparer la retraite, de financer les études supérieures d'un enfant, ou alors utiliser ce capital sur le contrat d'assurance pour en faire un capital pour un projet d'investissement. Ce volet épargne de l'assurance est aussi relativement mal connu.
Ensuite, quand on parle d'assurance vie, on parle aussi d'assurance décès. C'est cela aussi l'ambiguïté qui fait que les gens ne comprennent pas. Souscrire à un capital décès signifie qu'en cas de disparition prématurée, en cas de décès, il y a un capital qui est payé aux ayants-droits, aux bénéficiaires que vous avez désignés dans votre contrat. Lorsqu'on a des enfants en bas âge, un conjoint qu'on veut protéger, il est opportun de souscrire un contrat d'assurance vie qui garantit, en cas de décès, un capital qu'on paye aux enfants ou à la veuve ou au conjoint survivant.

Mais au-delà de ces deux utilisations, dans la plupart de nos pays, lorsqu'on laisse un héritage aux enfants, sur cet héritage, il y a des droits de succession à payer. Quand un parent vous laisse une maison, si vous voulez transférer ce bien en votre nom, l'État va vous demander de payer des taxes, des droits de succession. Et très souvent, les héritiers ont du mal à trouver l'argent nécessaire pour payer ces droits. Selon les pays, les droits de succession peuvent varier de 5 % à 10 % de la valeur du bien, jusqu'à des fois 15, 20, ou 45 %, lorsqu’il s’agit des successions qui ne sont pas en lien direct. A travers l'assurance vie, le capital payé en cas de décès, qui ne rentre pas dans la succession comme le dit le Code des assurances et payé rapidement par les assurances, peut être utilisé par les héritiers pour régler les droits de succession afin de justement pouvoir hériter pleinement du patrimoine que le parent leur a légué. C’est ainsi que l'assurance vie est utilisée comme outil de transmission de patrimoine. Et c’est cette utilisation assez méconnue dans nos pays, mais qui est très répandue en Europe notamment, que je relate également dans le livre.
Maintenant comme outil d'inclusion financière. Aujourd'hui, malheureusement, beaucoup de nos populations sont exclues de tout ce qui est système financier, de protection sociale. Selon les pays, ce sont des personnes qui sont dans le secteur informel, l'agriculture, l'élevage, ou simplement des artisans au quotidien, mais qui, par manque d'informations ou de produits adaptés, n'arrivent pas à souscrire à ce genre de produit, pour soit se protéger, protéger leurs ayants-droits, ou même simplement pour épargner, investir sur des projets plus importants et changer leur niveau de vie.
L’assurance est également un moyen de gestion des ressources humaines et d'optimisation fiscale pour les entreprises. Le capital humain est l'élément le plus important de toute entreprise. L'engagement des collaborateurs dans une entreprise est lié aussi à tout le bien-être que cette entreprise met à leur disposition. Le fait pour un salarié de savoir que son employeur a prévu pour lui un contrat d'assurance retraite, un contrat de prévoyance ou d'assurance de salaire…bref que des dispositions ont été prises pour le protéger, lui, sa famille et ses ayants-droits, cela peut augmenter sa loyauté, sa fidélité vis-à-vis de l'entreprise, et partant contribuer au développement de cette entreprise. L’assurance vie en tant que moyen d'optimisation fiscale pour les entreprises est quasiment acquis aujourd'hui dans tous les pays ; il y a peut-être encore quelques exceptions. Quand un salarié quitte une entreprise, celle-ci doit lui payer des indemnités de départ, qui peuvent être planifiées à travers un contrat d'assurance.
Au lieu donc d'attendre le départ à la retraite de chaque salarié pour trouver les ressources nécessaires au paiement de ces indemnités, il y a des études qui peuvent être faites pour anticiper et permettre à l'entreprise de mieux planifier ses sorties importantes de trésorerie et même de faire des placements et bénéficier des avantages fiscaux qui vont avec. Il y a donc des avantages fiscaux, mais également des intérêts financiers, si cela est bien planifié dans le temps. Il existe également des contrats d'assurance vie qui permettent aux entreprises de planifier les différentes sorties de l'entreprise et d'anticiper le paiement des indemnités de fin de carrière. Et en passant par un contrat d'assurance, on bénéficie d'avantages fiscaux. Et cela constitue un élément important pour les entreprises.
C.F : Dans l'imaginaire collectif, l'assurance, surtout l'assurance vie, est vue comme un produit de luxe, réservé donc à une certaine élite, une certaine classe sociale ou à une certaine clientèle institutionnelle. Est-ce une mauvaise perception de l'assurance ?
C.Y.D : Je pense que c'est une mauvaise perception de l'assurance. Aujourd'hui, la plupart des compagnies d'assurance que je connais commencent à faire des produits d'assurance pour lesquels des primes mensuelles sont autour de 5 000 F CFA, de 10 000 F CFA par mois, ou dans certains cas, des primes journalières pour les femmes qui vendent au marché. Aujourd'hui, les compagnies d’assurance arrivent à faire des primes journalières, hebdomadaires, qui sont à des niveaux très abordables. En plus, il se crée aussi de plus en plus de compagnies de micro-assurance qui permettent vraiment de faire des produits qui sont à la portée de tout le monde.
Peut-être que ce qui manque aujourd'hui, c'est davantage de communication ou de sensibilisation au profit notamment des personnes qui sont dans le secteur informel. Sinon, techniquement, ce n'est pas compliqué de faire des produits accessibles à tous. Il faudrait, à travers la communication, amener les populations à adhérer. C’est la compréhension et l'adhésion qui peut-être sont un peu difficiles en ce moment. Et d’ailleurs, ce sont les moins nantis qui ont le plus besoin d'assurance, de protection. Car, celui qui a des entrées régulières d'argent ou qui a de l'épargne suffisante en banque peut gérer plus facilement les aléas ou les problèmes imprévus qui lui arrivent. C’est donc la population qui n'a pas beaucoup de ressources, qui doit souscrire des contrats d'assurance pour mieux planifier financièrement les besoins de la famille et mieux protéger ses ayants-droits.
C.F : Dans votre livre, vous soutenez également que l'assurance est un outil de financement des Etats, des économies africaines, un levier de transformations économiques et sociales. Concrètement, comment cela s’opère ?
C.Y.D : Nos Etats ont besoin de ressources pour développer nos pays. Ce à quoi on assiste systématiquement, c'est que nos pays vont s'endetter à l'extérieur, en devise, en monnaies étrangères et subissent par conséquent le taux de change et les conditions d'endettement qui sont souvent très difficiles pour eux. Or, nous disposons en interne des leviers de mobilisation des ressources. L’argent que les pays industrialisés ou les fonds étrangers nous prêtent, c'est l'épargne de leurs populations. Ce que je dis dans le livre, est que nos pays ont encore la possibilité de mobiliser l'épargne en interne à travers l'assurance vie. Par exemple, si on arrive à mettre en place des contrats d'assurance vie pour le million de planteurs en Côte d’Ivoire, les milliers d’éleveurs au Sénégal, de femmes tisseuses au Burkina Faso, au Mali, pour tous ces artisans, coiffeurs, ces métiers du secteur informel, qui sont aujourd'hui exclus des systèmes financiers, et que ces derniers cotisent régulièrement, c'est autant de ressources qui seront à la disposition des compagnies d'assurance vie.
Les compagnies d'assurance vie investissent dans des obligations d'État, à la Bourse régionale des valeurs mobilières, donc dans des outils de développement. A travers l’épargne qu’elles collectent, elles permettent aux Etats de lever des fonds, de s'endetter plus facilement en monnaie locale et de subir moins de pressions liées aux conditionnalités de prêts ou au taux de change. Ces possibilités de mobiliser des ressources longues en interne, à travers des contrats d'assurance vie, ne semblent pas une priorité pour nos États. Avec l'assurance vie, en mettant en place des caisses de retraite par secteur d'activité, on peut mobiliser davantage de ressources et permettre à nos pays d'être quasiment indépendants des financements extérieurs. Mais, ce rôle stratégique de l'assurance vie n'est pas encore clairement perçu par tous nos États. Et c'est bien dommage !
C.F : Qu'est-ce qui explique que, malgré tous ces avantages, l'assurance vie reste faiblement connue ou pas très développée ?
C.Y.D : Je pense que les choses progressent, peut-être pas aussi rapidement qu'on le souhaiterait. Si on revient à 15 ans, 20 ans en arrière, le niveau de collecte des primes des compagnies d'assurance vie n'était pas là où il est aujourd’hui. Tout doucement, il y a des progrès. Je pense que cet ouvrage ou d'autres moyens de sensibilisation permettront de mettre en place les dispositifs nécessaires pour collecter davantage et plus rapidement de l’épargne. Si l'État décide de mettre en place une caisse de retraite des planteurs avec, par exemple, un prélèvement sur leurs produits agricoles, pour leur permettre d'épargner sur un contrat d'assurance retraite, ce sont des choses qui peuvent aller vite. Mais je pense qu'il faut passer par des obligations d'assurance. Si on compte uniquement sur la sensibilisation faite par les assureurs ou bien le bon vouloir des uns et des autres, cela peut ne pas se faire. L'État a aussi un rôle de protection de la population.
Le fait qu'une personne qui travaille toute sa vie, au moment où elle ne peut plus travailler à 65 ans, 68 ans, se retrouve sans ressources, doit être aussi une préoccupation de l'État qui doit dire qu'il est important de mettre en place des caisses de retraite pour quasiment toute la population qui travaille. Il faut que l'État joue également son rôle dans ces différents domaines, soit à travers des obligations d'assurance par secteur d'activité, soit avec des incitations fortes pour permettre à la population d'adhérer à ces différents produits d'assurance vie.
C.F : Certains estiment que c'est ce qui bloque le développement de l'assurance vie, ce sont des facteurs sociologiques, notamment en ce qui concerne certains produits comme l’assurance décès…
C.Y.D : C'est exact, mais cela peut être aussi lié à une façon de présenter les choses. Il ne s'agit pas de monnayer le décès, mais de protéger ceux qui restent, notamment les enfants. On voit beaucoup de familles où, à la suite d’un décès, les membres se retrouvent dans la rue. Parce qu'il n'y a plus personne pour payer le loyer, pour envoyer les ressources nécessaires à la survie de la famille. On peut trouver des moyens de présenter les choses sans parler forcément de décès, mais de parler de survie, capital de survie, ou bien des moyens à mettre à disposition pour payer le loyer, l'électricité, investir, prendre en charge les enfants qui restent. Certes, le frein social existe, mais on doit pouvoir trouver les moyens d'aller au-delà de cela avec une meilleure présentation, ou une présentation différente de l'objet des produits, qui est la protection. Et je ne crois pas que cela soit en opposition à des préoccupations socioculturelles. Car, je ne pense pas qu'il soit mauvais de bien vouloir protéger les siens.
C.F : En dehors de ces pesanteurs socioculturelles, certains estiment que le fait qu'il n'y ait pas souvent d'assurances obligatoires en assurance vie, freine le développement de cette branche-là…
C.Y.D : Effectivement. Prenez l’exemple aujourd'hui des Caisses nationales de sécurité sociale qui existent dans nos pays, c'est le côté obligatoire qui fait que les entreprises cotisent pour leurs salariés. Mettre en place des assurances obligatoires fait partie des choses que l'État peut mettre en place, car la protection des populations lui incombe. Ma mère a vendu au marché toute sa vie, mais quand elle arrêtait de vendre au marché, elle n'avait plus de ressources. S'il y avait une caisse de retraite des vendeuses dans les marchés dans laquelle elle avait pu cotiser pendant les 40 ans ou 45 ans qu’elle a vendu au marché, elle se serait retrouvée à la retraite avec des ressources. Certes, il faut faire de la sensibilisation, mais aussi mettre en place des assurances obligatoires comme des taxes.
C.F : Malgré tout, l'assurance vie progresse plus rapidement que la branche non-vie. Et selon les données de la FANAF, elle a connu une progression de presque 120% ces 10 dernières années, contre 68% pour l'assurance-vie et 9% dans le monde. Quelle lecture faites-vous de cette progression de l'assurance-vie dans nos différents marchés ?
C.Y.D : L'évolution de l'assurance-vie est liée à l'évolution du niveau de vie de la population : plus les revenus de la population augmentent, plus nos pays se développent, même si ce sont des développements qui sont un peu lents et qui ne sont pas les mêmes pour toute la population. Mais au fur et à mesure qu'un pays se développe, pour sa part, l'assurance-vie progresse. Les personnes ont davantage besoin de sécurité, donc vont souscrire à des contrats d'assurance-vie, même si ce n'est pas encore obligatoire. Certes, l'assurance non-vie s'est développée, notamment à cause de l'obligation d'assurance automobile qui existe dans nos différents pays, mais l'assurance-vie est liée à l'accroissement du revenu global de la population. Plus il y aura de personnes qui travaillent, de salariés, plus il y aura de personnes qui ont un besoin de sécurité, plus l'assurance-vie va se développer. Au niveau de l'assurance-vie, les marges de progression sont encore énormes. Lorsqu’il y a entre 3 et 5 % de la population qui disposent d'un contrat d'assurance-vie ou d'un système de protection sociale, cela veut dire qu'il y a 95 à 97 % de la population qui n'est pas encore concernée.
C.F : Est-ce à dire qu’avec les facteurs comme l'urbanisation croissante, la croissance démographique, la digitalisation, les classes moyennes qui se développent, l'assurance-vie a un bel avenir devant elle ?
C.Y.D : Je suis complètement d'accord. La digitalisation nous aide beaucoup aujourd'hui, aussi bien pour collecter les primes, mais également pour payer les prestations. Aujourd'hui, on peut payer les prestations partout dans nos pays sans forcément que la personne se déplace. La digitalisation et le mobile money sont des facteurs sui vont permettre un fort développement de l’assurance vie les années à venir.
C.F : Que faire pour que l’assurance-vie puisse bien se développer et jouer pleinement son rôle de protection sociale des populations ?
C.Y.D : Il y a des domaines où il faut mettre en place des assurances obligatoires, y compris pour les travailleurs qui sont déjà affiliés à des Caisses nationales de sécurité sociales, car les pensions de retraite sont largement insuffisantes quand les gens arrêtent de travailler. Mettre en place des systèmes d’assurances complémentaires obligatoires sous forme de capitalisation, peut permettre de créer une deuxième ligne de pension de retraite pour les salariés. Ensuite, pour le secteur informel, il fait mettre en place des caisses de retraite par secteur d’activités. Il peut s’agir des Caisses de retraites des agriculteurs, des éleveurs, des planteurs…par métiers cohérents. L’Etat a également un rôle à jouer en termes de sensibilisation des populations pour renforcer leur confiance au système assuranciel.

C.F : Ce qui altère cette confiance, et que les populations ont pendant longtemps reproché aux compagnies d’assurance, est que, quand il s’agit de payer les sinistres, elles trainent les pas….
C.Y.D : Ce sont des pratiques qui ont existé dans le temps mais sont aujourd’hui de plus en plus rares, surtout avec les systèmes du contrôle qui existent. A travers les directions nationales des assurances, les citoyens ont des voies de recours pour se faire indemniser. Il faut noter que, malheureusement, beaucoup de gens ne lisent pas leurs contrats. Ils souscrivent souvent à des contrats sans savoir exactement le contenu. Il arrive que là où ils pensaient avoir une indemnité relève finalement du domaine des exclusions du contrat. Il y a aussi un effort de simplification des assurances à faire au niveau des assurances pour permettre à cette confiance de revenir. Mais aujourd’hui, les choses progressent de mieux en mieux, les compagnies d’assurances paient des sinistres à coût de milliards et dans les délais !
C.F : Pour ceux qui veulent en savoir davantage sur l’assurance vie, où peuvent-ils trouver votre livre, et à quel prix ?
C.Y.D : Le livre a été édité par L’Harmattan Sénégal. On peut le commander sur Amazone et se faire livrer. Je suis également entrain de travailler à déposer des stocks dans les Associations des compagnies d’assurance dans les différents pays. Ceux qui arrivent aussi à me joindre par les réseaux sociaux, je peux leur faire parvenir le livre dans leurs pays. Pour ce qui est du prix de base unitaire, il est de 15 000 F CFA, sans les éventuels frais de transport ou d’expédition.
Interview réalisée par la Rédaction de C’Finance
Comments est propulsé par CComment