Akinwumi Adesina, Président de la Banque Africaine de Développement

Le président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina est au bout de son deuxième et dernier mandat à la tête de l’institution. Avant de laisser les rênes à son successeur qui sera élu en mai prochain, Mr Adesina estime que la BAD a grandi en dix ans, passant notamment d’un capital de 93 milliards de dollars à son élection en 2015, à 318 milliards de dollars aujourd’hui. Dans une interview accordée à nos confrères de La Tribune Afrique, il s'est confié sur son bilan à la tête de l'organisation panafricaine.

Akinwumi Adesina est satisfait de son héritage à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD) qu’il dirige depuis maintenant 10 ans, de 2015 à 2025. Il est fier notamment d’avoir porté la BAD au rang d’institution mondiale. 

« Il y a deux ans, nous avons été classés meilleure institution financière multilatérale au monde. Ces deux dernières années, nous avons été distingués comme l'institution financière la plus transparente au monde. C'est tout cela que je veux laisser à mon successeur », indique-t-il.

A son successeur qui sera élu en mai prochain, Akinwu Adesina entend léguer une banque axée sur les solutions aux défis de développement auxquels l'Afrique est confrontée. Pour lui, chaque défi commande de sortir des sentiers battus et trouver des solutions innovantes.

« Nous avons été élus pour trouver des solutions. C'est une responsabilité et je suis très fier de ce que nous avons fait », soutient-il.

L’une de ses grandes initiatives à la tête de l’institution panafricaine aura été l'Africa Investment Forum (AIF). Une plateforme qui met les projecteurs sur les immenses opportunités de l’Afrique dont les citoyens ne sont parfois pas conscients ou sur lesquelles ils sont souvent mal informés. Le but étant de faire affluer les capitaux vers l’Afrique.

Réformer la structure mondiale de l'impôt sur les sociétés

Monsieur Adesina a également donné de la voix pour que les entreprises multinationales installées en Afrique paient des impôts au sein des pays africains. En effet, il estime que le continent devrait pouvoir profiter comme il se doit des nombreuses ressources naturelles dont il dispose. Seulement, déplore-t-il, un grand nombre de multinationales ne paient ni les impôts, ni les redevances dont elles sont redevables, et pratiquent également le transfert de bénéfices.

« On observe en effet de nombreux flux de capitaux illicites qui sortent d'Afrique. Ainsi, même si les pays possèdent des actifs, l'exploitation de ces derniers les appauvrit au lieu de les enrichir », déplore le président de la BAD.

Son combat se fonde sur le constat selon lequel une entreprise qui travaille dans n'importe quelle partie du monde, en Europe ou aux États-Unis, y paie des impôts. Ce qui n’est pas le cas en Afrique. 

Siège de la banque africaine de développement à Abidjan en Côte d'Ivoire
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina estime avoir porté la banque africaine de développement au rang d'institution de dimension mondiale.

 

Pour inverser cette tendance, Akinwu Adesina a soutenu l'idée d'une réforme de la structure mondiale de l'impôt sur les sociétés, afin d'avoir des règles uniformes applicables à tous les pays et proportionner le paiement des impôts à l'exploitation des ressources, quelles qu'elles soient.

C’est pourquoi, la BAD a mis en place la « Facilité africaine de soutien juridique », essentiellement composée d'avocats et qu’elle met à la disposition des pays pour les aider à revoir leur situation fiscale, leur dette, etc. ce qui leur a permis de régler plusieurs de ces problèmes.

8 milliards de dollars pour soutenir le secteur privé

Très attaché au développement de son continent, le président de la BAD appelle à des investissements responsables, c'est-à-dire qui bénéficient aux communautés et pays africains. Et en cela, il estime que les incitations fiscales peuvent être un couteau à double tranchant, car, relève-t-il, les Etats qui vont dans ce sens manquent de marge de manœuvre fiscale, ce qui est nocif pour leurs économies.

Au nombre de ses combats, le huitième président de la BAD a mis également un point d’honneur à renforcer le secteur privé du continent alors que les fonds publics se montrent insuffisants pour faire face à tous les défis.

« Nous pensons que le secteur privé doit jouer un rôle crucial. C'est la raison pour laquelle nous allons tripler le montant du financement que nous lui accordons. Nous avons créé Africa 50, une plateforme de capital-investissement qui s'intéresse aux infrastructures, et qui dispose d'un milliard de dollars de capital, ainsi que d'un portefeuille d'une valeur de plus de 8 milliards de dollars dans lequel elle investit », explique-t-il.

Le patron de la BAD a le même intérêt pour les infrastructures vertes pour le développement desquelles la BAD entend mobiliser 10 milliards de dollars. Autant de réussites et de chantiers qui donnent des motifs de satisfaction et de fierté à Akinwumi Adesina au soir de ses dix années passées à la tête de cette institution financière panafricaine.  

« Je suis satisfait et fier de l'héritage que je laisse à la Banque, cette stature d'institution financière mondialement respectée », confie-t-il.

Mouni N’GOLO

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