À quelques semaines des Assemblées générales de la Banque Africaine de Développement (BAD) qui vont élire  le prochain président de l’institution, les cinq candidats qui briguent le post ont exposé leurs programmes lors d’un débat organisé par la Brookings Institution, le jeudi 24 avril 2025 à Washington. Une tribune qui a permis d’en savoir davantage sur la vision, les priorités, le profil, l’approche, les atouts de chaque candidat, mais aussi ce qui les distingue.

Qui incarne le mieux l’avenir de la Banque Africaine de Développement (BAD) : la Sud-africaine Swazi Tshabalala,  le Sénégalais Amadou Hott, le Zambien Samuel Maimbo, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli ou le  Mauritanien Sidi Ould Tah ? C’est la question centrale qui a animé le débat entre les cinq candidats à la présidence de la BAD, organisé par la Brookings Institution le 24 avril 2025, à Washington, en marge des rencontres de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Devant un public international et sous la modération du Vice-président de la Brokings Institution, Brahima Coulibaly, chacun des cinq candidats, à tour de rôle et dans un temps de parole reparti de manière égale, a présenté sa vision pour l’Afrique et ses ambitions pour la BAD. Développement des infrastructures, intégration régionale, appui à la jeunesse, secteurs innovants de financement sont des piliers communs à tous.

Du point de vue profil, l’ensemble des candidats, pétris de solides parcours, ont en commun une expérience riche au service du développement dans leurs pays respectifs et dans des institutions internationales. 

La Sud-africaine Swazi Tshabalala, seule femme de la course, met en avant son expertise financière, ayant été vice-présidente et directrice financière de la BAD. Le Sénégalais Amadou Hott, s’appuie sur une solide carrière entre la BAD et les finances publiques. Le Zambien Samuel Maimbo, vice-président à la Banque mondiale, veut capitaliser sur ses 23 années d'expérience au sein d’institutions multilatérales.

Abbas Mahamat Tolli du Tchad, ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), propose une approche pragmatique ancrée dans les réalités régionales. Enfin, le Mauritanien Sidi Ould Tah, ex-président de la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA), prône un panafricanisme financier fondé sur l'intégration et l’inclusion.

Le candidat d'origine sénégalaise, Amadou Hott

 

Des réformes structurelles indispensables

Tous s’accordent à dire que l’Afrique est à un tournant de son développement économique et social. Pour répondre aux importants défis structurels auxquels le continent fait face, ils soutiennent tous que l’accent doit être mis sur les infrastructures, l’accès à l’énergie, la réforme des institutions financières africaines, la digitalisation et l’autonomisation du secteur privé. Et la BAD, doit être le catalyseur de ces transformations structurelles.

Swazi Tshabalala développe l’approche “LIFT Africa” : Large Integrated Infrastructure, Financial Innovation, et Transformation interne. Son mot d’ordre : efficacité et exécution rapide. De son côté, Amadou Hott insiste sur l’intégration régionale et la compétitivité économique, affirmant que « l’Afrique doit apparaître comme un marché unique ».

Le candidat d'origine zambienne, Samuel Maimbo

 

Samuel Maimbo promet des résultats mesurables et audités. Abbas Tolli défend une politique d’investissements ciblés, avec une focalisation sur la souveraineté alimentaire et énergétique. Sidi Ould Tah, quant à lui, propose une réforme de l’architecture financière africaine et la mobilisation massive de capitaux africains.

Autre sujet qui fait consensus est le chômage de masse de la jeunesse africaine. Tous les candidats s’accordent sur l’urgence de créer des emplois à grande échelle. Le secteur privé, les PME, l’agriculture, le numérique et l’artisanat sont cités comme principaux moteurs de croissance et leviers essentiels pour la création d’emplois décents. Samuel Maimbo préconise une stratégie multisectorielle incluant logement, agriculture et éducation.

Le candidat d'origine tchadienne, Abbas Mahamat Tolli

 

Amadou Hott insiste sur l’adéquation formation-emploi. Sidi Ould Tah veut miser sur les microentreprises et la formalisation du secteur informel. Quant à Swazi Tshabalala, elle rappelle que « sans infrastructure, il n’y a pas de productivité, donc pas d’emplois ».

Divergence de stratégies

Si les cinq prétendants à la présidence de la plus grande institution financière du continent sont unanimes sur les priorités du développement de l’Afrique, c’est dans la manière de concrétiser les visions que les différences s’observent.

Mme Tshabalala mise sur son expérience interne pour réformer la BAD de l’intérieur. Elle appelle à une meilleure planification des projets. Mr Hott veut créer une vice-présidence dédiée au secteur privé, tandis que Mr Maimbo promet de revoir la culture institutionnelle au sein de la BAD pour mobiliser les talents internes et accélérer les processus. Mr Tolli, lui, évoque l’importance de la gouvernance et de la lutte contre la corruption comme leviers de croissance. Et enfin, Mr Ould Tah propose de valoriser les PME africaines, notamment celles dirigées par des jeunes et des femmes, par un mécanisme de garantie de crédit.

Le candidat d'origine mauritanienne, Sidi Ould Tah

 

La fragilité des États africains et l’endettement du continent ont également animé les débats. La plupart souhaitent une réforme des mécanismes d’allocation des ressources pour les pays, et un renforcement des financements concessionnels. La Sud-africaine Tshabalala et le Zambien Maimbo soulignent l'importance d’un usage productif de la dette. Amadou Hott propose une plus grande sélectivité des investissements. Sidi Ould Tah évoque la mobilisation du capital domestique et des diasporas.

Le débat a révélé des candidats engagés, porteurs d’une vision claire pour le développement de l’Afrique, qui font une lecture globale commune des enjeux et défis de développement de l’Afrique, mais qui divergent dans les stratégies et les méthodes de les relever. Il appartient aux gouverneurs de la BAD d’effectuer le choix judicieux, dans l’intérêt supérieur du continent. Le verdict est attendu le 29 mai prochain.

Synthèse de Mouni N’GOLO

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