Le Président du Conseil d’Administration du Club des Jeunes de la Banque et des Finances, Adama Ouédraogo : « notre mission est claire : renforcer les compétences, créer des passerelles entre générations, et donner à la jeunesse les moyens d’assumer son rôle dans la transformation du secteur ».

Mus par une volonté et un engagement sans faille de mettre leurs compétences, leurs talents au service du secteur bancaire et financier de leur pays, de jeunes visionnaires burkinabè ont mis en place une association dénommée Club des Jeunes de la Banque et des Finances (JBF), en novembre 2023. Leur objectif, offrir aux jeunes professionnels du secteur, une plateforme structurée de co-construction, de co-apprentissage, de partage d’expériences, de visions, de réseautage, de formation d’un leadership financier impactant, à même d’accompagner le dynamisme, la croissance du secteur. Pour en savoir davantage sur ce Club, C’Finance, votre média spécialisé dans le traitement de l’information financière, est allé à la rencontre du Président du Conseil d’Administration (PCA) de JBF, Adama Ouédraogo. Titulaire d’un Master en ingénierie commerciale, ITB Management, de plusieurs certifications en stratégie d’entreprise et en management de la qualité et de la performance, et actuel Directeur Commercial Particuliers & Professionnels à la Société Générale Burkina Faso – Groupe Vista, M. Ouédraogo est plus qu’un cadre de banque. Passionné de finance, de management, homme de vision et de convictions, il est de ceux qui soutiennent que la finance, plus qu’une affaire de chiffres, constitue un puissant levier pour transformer des vies et donner corps aux projets. Dans cette interview, outre la présentation du Club JBF, ses missions et ambitions, les résultats engrangés après plus d’une année de fonctionnement, il porte également, avec l’œil du spécialiste, un regard sur le dynamisme du secteur financier et bancaire burkinabè, et sur le rôle que les jeunes professionnels, conscients de leurs responsabilités, sont appelés à jouer pour accompagner sa croissance, impacter son avenir.

C’Finance (C.F) : Quel regard portez-vous sur le secteur financier et bancaire burkinabè : son dynamisme, sa contribution au développement socio-économique ?

Adama Ouédraogo (A.O) :  Le secteur financier burkinabè a franchi un cap décisif. Il a su absorber les réformes de l’UEMOA, intégrer de nouveaux acteurs – mésofinance, fintechs, télécoms – et rester résilient dans un contexte marqué par un grand défi sécuritaire et les pressions économiques. Ce n’est pas un hasard si, avec seize banques et plus de cent trente SFD, nous figurons parmi les marchés les plus dynamiques de l’Union ; plus précisément nous sommes la 3ème place financière de l’UMOA. La percée d’institutions financières à capitaux national a certainement contribuer à l’atteinte de ce niveau, mais la satisfaction n’est pas de mise car beaucoup de défis restent à relever. En ce sens, le financier et plus précisément le banquier sait qu’un dynamisme chiffré ne suffit pas. Le vrai enjeu réside dans la qualité : qualité de la formation des ressources humaines, qualité de l’innovation digitale, qualité du dispositif de gestion des risques. Si nous réussissons à transformer cette expansion en solutions accessibles, sécurisées et inclusives, alors le secteur ne se contentera pas de croître, il deviendra un catalyseur tangible de développement socio-économique. En d’autres termes, notre défi est que la performance bancaire et financière se traduise dans la vie quotidienne des Burkinabè. 

C.F : Malgré un contexte national et régional difficile, le secteur bancaire burkinabè a terminé l’année 2024 au 3e rang du marché de la zone UEMOA, avec 2 413,8 milliards F CFA de crédits octroyés et 1 136,6 milliards F CFA de dépôts à terme. Votre commentaire sur cette performance des banques du Burkina en pareilles circonstances ?

A.O :  Cette performance illustre deux choses : la résilience et l’engagement. Résilience d’abord, parce que dans un contexte marqué par les crises sécuritaires, économiques et sociales, nos banques ont su maintenir le cap, en appliquant à plus de 80 % les réformes de l’UEMOA et en restant alignées avec les standards de la sous-région. Engagement ensuite, car derrière ces chiffres, il y a la volonté des établissements financiers de continuer à financer l’économie réelle : agriculture, PME, grands projets structurants. Il faut aussi saluer le rôle déterminant des régulateurs comme la BCEAO, qui a su ajuster ses leviers – notamment sur la liquidité – pour contenir l’inflation, ainsi que l’accompagnement de l’État et l’action fédératrice de l’APBEF-B (Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina. Mais au-delà des institutions, ce sont les femmes et les hommes du secteur bancaire qui ont fait preuve d’agilité, d’innovation et d’un sens aigu de la responsabilité. Le Burkina envoie ainsi un signal fort : même en temps de crise, son système financier reste solide, mobilisé et capable de contribuer activement à la croissance et à la stabilité économique de l’UEMOA.

C.F :  Vous êtes le Président du Conseil d’Administration d’une association de jeunes banquiers et financiers dénommée Le Club des Jeunes de la Banque et des Finances (JBF). Derrière l’acronyme JBF, il y a une vision et une jeunesse qui s’affirme. Comment définiriez-vous ce club, sa mission et son rôle dans le paysage financier burkinabè ?

A.O :  Le Club des Jeunes de la Banque et des Finances (JBF) est né d’une conviction : la jeunesse financière du Burkina doit être plus qu’un vivier, elle doit être une force organisée. Depuis un an, nous avons posé les bases : un exécutif en place, plus de 300 membres actifs et plus de 2000 sympathisants, cinq master class déjà tenues sur des thèmes essentiels comme le leadership féminin, les risques bancaires ou encore le management RH, et un programme inédit — Parcours Inspirant — qui a mis face à la jeunesse des Directeurs Généraux de référence. Notre mission est claire : renforcer les compétences, créer des passerelles entre générations, et donner à la jeunesse les moyens d’assumer son rôle dans la transformation du secteur. JBF, c’est un tremplin : un lieu où la passion rencontre la compétence, où l’énergie des jeunes se transforme en leadership, et où l’excellence devient une discipline collective. Notre ambition n’est pas de créer une association de plus, mais une école vivante du leadership financier. Nous portons un slogan qui est aussi une feuille de route : Construire l’excellence financière, inspirer demain. Concrètement, cela veut dire travailler main dans la main avec les associations professionnelles (APBEF, APSAB, APCAB…), dialoguer avec les régulateurs et ouvrir nos réflexions vers l’international. Notre rôle est clair : être un partenaire crédible de l’écosystème, capable d’accompagner la croissance du secteur en révélant des talents solides, engagés et préparés pour l’avenir. 

C.F : Pourquoi était-il important que de jeunes banquiers et financiers se regroupent autour d’une organisation comme le Club JBF ?

A.O :  Parce qu’aucun secteur ne peut se développer durablement sans préparer sa relève. Le secteur financier burkinabè connaît des mutations profondes — réglementaires, technologiques, concurrentielles — et il était indispensable que la jeunesse s’organise pour ne pas subir ces transformations, mais y prendre part activement. Le JBF est né de cette conviction : donner aux jeunes cadres une plateforme structurée pour apprendre, échanger et s’affirmer.

 

Le Président du Conseil d’Administration du Club des Jeunes de la Banque et des Finances, Adama Ouédraogo : « notre mission est claire : renforcer les compétences, créer des passerelles entre générations, et donner à la jeunesse les moyens d’assumer son rôle dans la transformation du secteur ».

 

Ensemble, nous formons une génération qui comprend les enjeux, maîtrise les outils et se sent responsable de l’avenir du secteur. Se regrouper, c’était donc une nécessité stratégique : transformer une addition de parcours individuels en une force collective capable d’accompagner la croissance de notre système financier et, au-delà, de contribuer au développement économique et social du pays. 

C.F :  En tant que premier PCA du Club JBF, quels étaient vos objectifs et dans quelle mesure estimez-vous les avoir atteints ?

A.O :  Mon mandat reposait sur trois priorités : installer les fondations du club, lui donner une reconnaissance institutionnelle, et susciter la confiance des acteurs du secteur. Une partie de ce chemin est faite : nous sommes désormais identifiés par les régulateurs et respectés par les associations professionnelles, nous avons gagné la confiance de plusieurs Directeurs Généraux, et surtout, la jeunesse a trouvé en JBF un espace de référence.
Le défi qui reste est d’élargir notre ancrage au-delà de Ouagadougou, d’intéresser les provinces et de renforcer nos relations avec les instances régionales. Mais avec l’énergie de nos membres et le soutien de nos partenaires, je crois que nous avons toutes les bases pour y parvenir.

C.F :  Plus d’un an après sa création, quel bilan dressez-vous du Club JBF ? »

A.O :  En un peu plus d’un an, nous avons surtout prouvé une chose : la jeunesse du secteur financier est prête à se mobiliser et à prendre sa place. À travers nos cinq premières master class, nous avons abordé des sujets qui comptent — du leadership féminin à la gestion des risques — et nous avons réuni autour de la table aussi bien des jeunes cadres que des ainés, des Directeurs Généraux. Le Club JBF, ce n’est pas une association de plus, c’est une dynamique. Nous sommes déjà plus de 300 membres actifs, suivis par plus de 2 000 jeunes. Mais ce qui compte le plus, ce n’est pas le nombre : c’est la qualité de l’engagement, la confiance que nous témoignent les aînés du secteur et l’enthousiasme avec lequel les jeunes viennent apprendre, partager et s’inspirer. Notre vrai bilan, c’est cette énergie collective qui s’est installée, et qui montre que JBF est devenu en peu de temps un acteur crédible du paysage financier burkinabè.

C.F : Les master class et les initiatives comme "Parcours Inspirant" suscitent un fort écho. Quel impact tangible ont-elles déjà produit, et en quoi ces expériences façonnent-elles une nouvelle génération de leaders financiers ?

                         
A.O :  L’impact est visible. Chaque master class attire plus de jeunes que la précédente, mais au-delà des chiffres, ce sont les transformations individuelles qui comptent. Nous voyons des jeunes cadres gagner en confiance, élargir leur réseau, mieux comprendre les attentes du secteur et parfois même saisir des opportunités professionnelles directement liées à nos rencontres.
Parcours Inspirant a montré que dialoguer avec des Directeurs Généraux peut changer une trajectoire : certains jeunes sont sortis de la salle avec la conviction que leur place était possible au sommet.

 

Les membres du Conseil d’Administration de JBF, des hommes et des femmes engagés à faire de ce Club le creuset d’un leadership financier impactant, au service du développement socioéconomique du Burkina Faso.

 

Ces initiatives façonnent une nouvelle génération non pas seulement compétente, mais consciente de ses responsabilités. Elles permettent à la jeunesse de se projeter, d’oser et de comprendre que le leadership financier repose autant sur les valeurs que sur la technicité. 

C.F :  Dans cinq à dix ans, où situez-vous le Club JBF dans l’écosystème financier ? Quelles ambitions portez-vous pour en faire un acteur de référence, et sur quelles alliances nationales et régionales comptez-vous bâtir cette trajectoire ? 

A.O :  Dans cinq ans, je souhaite que le Club JBF soit reconnu comme l’école parallèle du leadership financier, un lieu où chaque jeune professionnel vient trouver savoir, mentorat et réseau. Dans dix ans, notre ambition est que le JBF devienne un centre de formation et de réflexion stratégique, capable d’influencer les grandes orientations du secteur et de produire des talents pour tout l’écosystème africain. Pour y arriver, nous avons besoin d’alliances solides. Alliances nationales d’abord, avec l’APBEF, l’APSAB (Association professionnelle des sociétés d’assurances du Burkina), l’APCAB Association professionnelle des courtiers d’assurances du Burkina), et les régulateurs, qui nous offrent déjà leur soutien. Alliances régionales ensuite, car la finance n’a pas de frontières : nous sommes en discussion avec des clubs similaires dans la sous-région pour bâtir une véritable coalition de la jeunesse financière africaine. C’est cette synergie qui fera du JBF non seulement un acteur burkinabè, mais une voix crédible dans le concert africain.

C.F : Quelle sera la prochaine étape structurante du Club JBF, et quel message fort souhaitez-vous adresser à la jeunesse et aux acteurs du secteur pour les mobiliser autour de votre vision ?

A.O :  Notre prochaine étape est claire : renforcer l’ancrage du JBF par des activités de terrain. Dès septembre, nous organiserons une master class sur l’éthique et la déontologie, car sans valeurs, aucune performance n’est durable. Nous travaillons aussi à étendre nos activités en régions pour que chaque jeune, où qu’il soit, puisse se sentir partie prenante de cette dynamique.
Mon message à la jeunesse est simple : formez-vous, engagez-vous, osez. La finance n’est pas réservée à quelques-uns, c’est un levier de transformation qui a besoin de votre énergie et de vos talents.
Aux acteurs du secteur, je dirai que le club JBF est un allié. Ensemble, nous pouvons bâtir une finance qui inspire confiance, qui soutient l’économie réelle et qui élève une nouvelle génération de leaders. C’est cela, notre vision : construire l’excellence financière et inspirer demain.

Interview réalisée par la

Rédaction de C’Finance

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