Faïçal Abdoul Palenfo a remporté le Prix GoGettaz 2025 de l’innovation à fort impact communautaire, le 4 septembre 2025 à Dakar, au Sénégal, lors du 19e Forum africain sur les systèmes alimentaires, grâce à son kit de couvaison solaire tropicalisé. Ingénieur en production animale, promoteur de Faso Élevage et du Centre agro-pastoral Aissata, le lauréat dispose d’une solide expérience en élevage et production animale. Depuis 2018, il se consacre à la professionnalisation du secteur de l’élevage au Burkina Faso à travers la formation, la production d’aliments pour volailles et poissons, la confection d’équipements d’élevage, l’aménagement de fermes et l’accompagnement technique des éleveurs. Dans cette interview accordée à votre média en ligne, C’Finance, le 17 septembre 2025, à Ouagadougou, M. Palenfo revient sur sa distinction au pays de la Téranga. Il y présente la conception et l’impact de son innovation qui lui a valu ce prix parmi environ 2000 projets, les résultats obtenus sur le terrain, les stratégies mises en œuvre pour soutenir les petits producteurs, ainsi que les perspectives pour le développement de l’élevage au Burkina Faso et dans la sous-région, en insistant sur l’importance de la formation, de la professionnalisation et du soutien des partenaires institutionnels et techniques.
C’Finance (C.F) : Est-ce que vous pouvez présenter Faso Elevage ?
Faïçal Abdoul Palenfo (F.A.P) : Faso Elevage est une entreprise de production animale de droit burkinabé qui a pour objectif de professionnaliser le secteur de l’élevage. Officiellement, nous avons exerçons depuis 2018 et comme activité, nous évoluons dans la formation, l’aménagement des fermes et la construction de bâtiment d’élevage, la production de poussins, d'aliments volailles, poisson, la confection d'équipements d’élevage, l'installation de caméras de surveillance pour ferme, l'accompagnement des éleveurs avec de l'appui conseil, l'appui technique, etc. Faso élevage emploie une vingtaine de personne. Outre Ouagadougou, nous sommes également installés à Bobo Dioulasso.

C.F : Vous avez remporté le Prix GoGettaz de l’innovation à fort impact communautaire au 19ᵉ Forum africain sur les systèmes alimentaires, le 4 septembre 2025, à Dakar, au Sénégal. Pouvez-vous en dire plus sur ce prix et ce que cette distinction représente pour vous et pour le Burkina Faso ?
F.A.P : Le Prix GoGettaz est un prix assez important pour les agri-preneurs, surtout les jeunes entreprises comme Faso Elevage. Il honore les entreprises gérées par des jeunes de moins de 35 ans qui impactent le plus leur milieu. Ce prix met en compétition chaque année près de 2000 projets dans toute l'Afrique. Être finaliste et remporter un prix dans ce concours est une fierté personnelle, mais également une fierté pour mon pays, le Burkina Faso. Car, nous sommes la première entreprise burkinabè à accéder à la finale et à remporter un prix dans ce concours aussi prestigieux. Le Prix GoGettaz est composé de six lauréats, dont deux grands prix, un homme et une femme, qui reçoivent chacun environ 28 millions F CFA, et de quatre prix à fort impact communautaire, soit deux hommes et deux femmes, primés chacun à hauteur de 8 millions F CFA. Les sept autres finalistes reçoivent un prix d’encouragement de 1000 dollars, soit 550 000 F CFA.
C.F : Quel est le projet d’innovation qui vous a valu cette distinction ?
F.A.P : Le projet, que nous avons présenté au GoGettaz cette année concerne l’élevage de la qui constitue un problème au Burkina Faso. En effet, chaque année, plus de 500 millions d’œufs de pintades sont produites dans notre pays et près de 70% de ces œufs n'aboutissent pas à l'éclosion ou que les pintadeaux n'arrivent pas à atteindre la maturité. Pour y remédier, Faso Elevage a proposé un kit de couvaison adapté au milieu tropical et qui tient compte des réalités climatiques du Burkina, facile à entretenir pour les petits éleveurs. Notre objectif était de proposer un kit qui serait efficace dans les petits élevages. Car, de notre petite observation, nous avons découvert que la plupart des éleveurs burkinabè qui sont dans la pintade ne sont pas des grandes fermes.

Il s’agit donc pour nous de proposer solution qui soit simple, souple, facile à utiliser, efficace pour les petits producteurs, avec pour objectif d'augmenter de 90% le taux d'éclosion des œufs et de réduire de 80% le taux de mortalité des pintadeaux. Ce qui va entraîner une meilleure production des pintadeaux et par la même occasion des pintades, et partant, développer la filière pintade. Il y aura ainsi plus de pintades sur le marché burkinabè où il y a plus de poulets. Pourtant, on sait que la viande de pintade est prisée par les burkinabè, et même par les Ouest-Africains. Alors que la pintade pont plus que la poule dans l'année, soit plus de 150 œufs par an. Et malgré tout cela, on n'arrive pas à avoir beaucoup de viande de pintade sur le marché.
Il faut savoir que les pintadeaux sont beaucoup plus fragiles que les poussins. En saison des pluies, quand ils viennent d’éclore, ils ne résistent pas bien aux conditions climatiques. Résultat : beaucoup meurent dès les premiers jours. Pour aider les éleveurs, nous avons mis en place un kit composé d’une couveuse et d’une éleveuse. La couveuse permet d’augmenter le taux d’éclosion des œufs, car naturellement, la pintade n’est pas une bonne couveuse. Elle pond, mais une grande partie de ses œufs n’arrive pas à éclore. Une fois sortis de la couveuse, les pintadeaux sont placés dans l’éleveuse. Cet outil recrée un environnement favorable à leur survie et à leur croissance. Grâce à cela, nous avons réussi à réduire de près de 90 % la mortalité des pintadeaux.

C.F : De façon concrète sur le terrain, quels sont les résultats déjà atteints par votre solution ?
F.A.P : Depuis notre création, nous commercialisons déjà ces équipements, principalement auprès de particuliers, mais aussi dans le cadre de certains projets. Nous avons, par exemple, collaboré avec la Croix-Rouge, le Projet ECED Mouhoun accompagné par COWATER, ainsi qu’avec le projet PAPCIDEL avec l’appui du PNUD. Sur le terrain, nos couveuses sont utilisées, et les résultats ont été très encourageants. A titre illustratif, après la fin du programme avec le projet Essaid Moubou, certains éleveurs, convaincus par l’efficacité des couveuses, sont revenus en acheter avec leurs propres moyens. Pour nous, c’est un signe fort, car si un éleveur choisit d’investir après avoir bénéficié d’un projet, c’est bien la preuve qu’il en a retiré de bons résultats. Concrètement, nos couveuses sont destinées à de nombreux éleveurs, qu’il s’agisse des pintadeaux ou des poussins. Depuis notre lancement, nous avons déjà vendu plus de 5 000 couveuses. Et ces chiffres dépassent les frontières du Burkina Faso ; nos équipements sont vendus en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin, au Mali, au Niger, au Tchad, en Guinée, mais aussi en Afrique centrale, notamment au Gabon et au Cameroun. Cela montre que les difficultés rencontrées par les petits éleveurs burkinabè sont les mêmes que celles des éleveurs d’autres pays, et nos solutions répondent à un besoin partagé à l’échelle du continent.
C.F : Jusqu’ici, l’Afrique anglophone dominait largement ce concours. Cette année, c’est un projet burkinabè qui a inscrit son nom dans l’histoire du Prix GoGettaz…
F.A.P : Quand on prend la liste des gagnants depuis la création du concours, l'Afrique anglophone à raflé la plus grande part. Pour cette édition, 90% des membres du jury sont anglophone, ce qui n’est pas à notre avantage en tant qu’entreprise francophone. Nous étions obligés de présenter notre pitch en français et une personne était chargée de traduire en anglais pour les jurys, mais nous savions bien que la traduction ne pouvait pas tout répéter fidèlement. Sur un pitch de trois minutes, le traducteur n’avait que 30 ou 40 secondes pour traduire. En si peu de temps, ce n’est pas possible de rendre l’intégralité du message ou de transmettre exactement nos mots. Cela ne jouait pas vraiment en notre faveur. Mais, malgré cette difficulté, nous avons tout de même réussi à décrocher le prix après la quatrième participation de Faso Elevage à ce concours.

C.F: Quelles ont été les grandes étapes qui vous ont permis d’arriver en finale du concours GoGettaz 2025, qui a réuni plus de 2000 projets venus de toute l’Afrique ?
F.A.P : Le processus du concours se déroule en plusieurs étapes. La première étape, c’est l’ouverture des candidatures et chacun peut postuler. Cette année, il y avait plus de 2 000 projets en compétition. La première sélection retient 75 projets sur l’ensemble des 2000 projets, puis une deuxième sélection ramène le nombre à 46. Ensuite, on réduit encore à 26 projets. C’est à ce stade qu’intervient le pitch en ligne devant un jury. L’objectif est de présenter son projet, répondre aux questions pour le faire mieux comprendre et aussi montrer sa pertinence. À l’issue de cette étape, le jury sélectionne 13 projets pour la grande finale. La finale, se tient en présentiel, lors du Forum africain sur les systèmes alimentaires africains. Chaque candidat a trois minutes pour convaincre : naturellement, tu dois identifier le problème, proposer une solution, expliquer ce que tu feras si tu gagnes le prix, présenter ton entreprise, te présenter toi-même et démontrer l’impact de ton projet. Ensuite, le jury dispose de cinq minutes pour poser ses questions. Tout va très rapidement.
C.F : Comment vous êtes-vous préparé à défendre votre projet en seulement trois minutes, face à un jury composé en majorité d’anglophones ?
F.A.P : Pour ma part, j’avais déjà assisté à la finale de l’édition passée à Kigali, au Rwanda. Cela m’a donc permis de comprendre le processus. J’avais déjà remarqué que le jury est majoritairement anglophone. Alors cette année, j’ai essayé de voir quelle serait le moyen de traduction, parce que l’édition passée, la traduction reposait sur l’intelligence artificielle avec des casques pour les jurés. J’ai donc revu tout mon pitch en simplifiant mon français pour que la traduction automatique restitue clairement mon message. Voilà, ce que j’ai fait pour me préparer en premier lieu. Ce qui nous a aidés aussi, est que nous avons bénéficié de séances de coaching avant la finale. Nous avons répété plusieurs fois pour tenir dans les trois minutes et répondre précisément aux attentes du jury. Mais, malheureusement, le jour J, les jurés n’ont pas eu les casques de traduction. Ce qui a été un désavantage pour nous, car nous comptions sur ce dispositif pour mieux faire passer notre message.
C.F : Durant les cinq minutes d’échanges, quelles questions du jury vous ont le plus marquées, et comment y avez-vous répondu ?
F.A.P : Ils m’ont demandé de donner la différence entre les incubateurs que Faso élevage propose et les incubateurs importés. Il m’a fallu donc montrer comment on fabrique nos appareils, son fonctionnement et pourquoi il est préférable d’utiliser notre solution au lieu de ceux importés. Alors déjà, on a fait ressortir le fait que nos appareils tiennent compte des conditions climatiques, la qualité de la matière qu'on utilise, le mode du fonctionnement qui est différent des incubateurs importés parce qu’ils tiennent compte de notre climat tropical et chaud. Pourtant, la plupart des appareils qui sont importés nous viennent des pays où la température est assez clémente.
Pour finir, il y a aussi la question de la consommation d’énergie. Nous nous sommes dits dès le départ qu’il fallait absolument fabriquer un appareil qui consomme très peu, parce que beaucoup d’éleveurs ont du mal avec le coût de l’électricité, et parfois même avec l’accès à l’énergie. Cela fait maintenant plus de sept ans que nous fabriquons et commercialisons ces appareils. Avec le temps, nous les avons améliorés pour qu’ils soient à la fois efficaces, économiques et adaptés aux réalités du terrain. Comme deuxième question, on nous avait demandé comment la couveuse réagit quand il fait très chaud. Nous les avons fait comprendre qu'il y a des extracteurs qui sont dans l'appareil. Et une fois que la température recherchée de l'appareil est atteinte, la couveuse s'arrête carrément pour ne pas qu'il y ait une hausse de température. Et même cela arrive à cause de l'environnement, il y a des extracteurs qui évacuent le surplus de chaleur.
C.F : Quelles ont été les principales difficultés que vous aviez rencontrées au cours de cette compétition, et comment les avez-vous surmontées ?
F.A.P : Je n’ai pas rencontré de grandes difficultés pendant la compétition, surtout que la plupart des étapes se déroulaient en ligne. La seule vraie contrainte a été la barrière de la langue, notamment en finale. À part ce défi linguistique, honnêtement, nous n’avons pas eu de difficultés majeures.
C.F : Qu’est-ce qui rend votre kit de couvaison solaire tropicalisé particulièrement innovant et porteur d’un réel impact communautaire ?
F.A.P : Une des grandes différences entre nos appareils et ceux importés, c’est d’abord la matière utilisée. La plupart des couveuses importées sont fabriquées en plastique ou en polystyrène. Nous, au contraire, nous utilisons du bois recyclé en contreplaqué. Rien que ce choix participe déjà à la protection de l’environnement. Ensuite, nos machines fonctionnent aussi à l’énergie solaire, cela permet de réduire encore plus la consommation électrique. Mais la vraie innovation, c’est dans le mode de fonctionnement. Les couveuses importées tournent en continu pour maintenir une température constante. Les nôtres, une fois la température atteinte, laissent redescendre d’un degré avant de redémarrer. Et comme résultat, elles peuvent rester deux à trois heures sans fonctionner, ce qui permet de faire de grosses économies d’énergie.
C.F : À votre avis, dans votre innovation, qu’est-ce qui a séduit le jury, au regard des enjeux climatiques, sociaux et économiques mis en avant dans le concours ?
F.A.P : À mon avis, c’est ce niveau d’impact qui a séduit le jury. Nous leur avons expliqué que si nous remportions le premier prix de 50 000 dollars, soit environ 28 000 000 de FCFA, nous allions recruter 50 jeunes, en veillant à l’équité et au genre c’est-à-dire, inclure des femmes, des personnes en situation de handicap, etc. Chacun de ces jeunes allait recevoir un kit, capable de produire environ 2 000 pintadeaux par an. Au total, cela représente 100 000 pintadeaux produits chaque année. On peut vendre un pintadeau à 1 dollar l’unité, ce qui équivaut à 100 000 dollars de revenus. Et si certains choisissaient d’élever leurs pintadeaux jusqu’à l’âge adulte, ils pourraient les revendre à environ 5 dollars l’unité, soit 3 500 à 4 000 F CFA. Nous avons donc essayé de faire ressortir l’impact financier que ce projet a sur la communauté locale et en plus de cala, nous les avons fait comprendre que chaque année, sur le continent, près de 70 % des œufs de pintades sont perdus, soit environ 350 millions d’œufs gaspillés. Nos incubateurs apportent donc une solution concrète pour sauver une grande partie de cette production.

C.F : Après cette distinction prestigieuse, quels impacts concrets ou premiers résultats espérez-vous pour votre entreprise et pour les bénéficiaires de la solution ?
F.A.P : Pour nous, ce prix représente avant tout une question de crédibilité. Même si ce n’est pas notre première distinction, chaque victoire prouve que notre travail a du sens et qu’il a un véritable impact. Cela nous encourage à aller toujours plus loin. Pour les bénéficiaires, l’impact est direct. Cela va leur permettre d’augmenter leur production avec un surplus financier. Prenons un petit éleveur avec une trentaine de pintades. En saison des pluies, beaucoup de ses œufs seront perdus en raison de l’humidité, des prédateurs comme les chats, ou même les serpents. Sans couveuse, ses pertes sont énormes. Avec un kit, tout change. Il peut récupérer ses œufs, les placer dans la machine et obtenir des pintadeaux en bonne santé. C’est une vraie valeur ajoutée, car une pintade adulte peut se vendre à plus de 10 000 francs CFA en Côte d’Ivoire, et certains éleveurs vont même plus loin en transformant leur production pour la revendre sur le marchés ouest-africain.
C.F: Quelle importance accordez-vous à la visibilité qu’offre ce prix, notamment pour le développement futur de Faso Elevage et la consolidation de vos partenariats ?
F.A.P : Le prix est assez important parce que GoGettaz est accompagné par pas mal de structures comme par exemple la Fondation Mastercard, AGRA. Il y a donc plusieurs partenaires autour du prix. Déjà, remporter ce prix te met un peu en lumière vis-à-vis de ces différentes structures, de ces différents partenaires et tout. Naturellement, ce prix peut ouvrir des portes aussi bien à l'international qu'au niveau national.
C.F : Le concours GoGettaz valorise l'innovation, l'impact social, climatique et économique, ainsi que la durabilité du modèle d'affaires. Comment Faso Elevage répond-il à chacun de ces critères ?
F.A.P : Faso Élevage, ce n’est pas seulement les kits de couvaison présentés au concours GoGettaz. Bien sûr, c’est ce projet qui a façonné notre image auprès du jury, mais derrière, nous développons bien d’autres solutions pour les éleveurs. Nous proposons par exemple des formations, mais aussi plusieurs types de kits adaptés aux réalités des producteurs. Pour la production de poussins et de pintadeaux, nous avons conçu des couveuses performantes. Et du côté de la pisciculture, nous proposons des kits piscicoles composé d’un petit bassin de 1 à 10 m³, accompagné d’alevins tilapias ou silures, d’un pH-mètre et d’un oxygénateur solaire. Ces kits permettent même à ceux qui n’ont pas de grands terrains de se lancer dans la pisciculture, que ce soit pour nourrir leur famille ou pour commercialiser leur production.

Notre objectif, c’est de proposer des solutions souples, simples et accessibles, surtout pour les petits producteurs. Car, il faut le dire, au Burkina Faso, la majorité des éleveurs sont de petits producteurs. Bien sûr, nous avons aussi des équipements destinés aux grandes exploitations, comme des bassins ou des couveuses dont le prix dépasse le million de F CFA. Mais, nous avons surtout pensé aux petits producteurs, en leur donnant les moyens de se professionnaliser, de se former et de s’équiper à moindre coût. Nous sommes convaincus que si chacun d’eux dispose d’outils adaptés, stratégiques et abordables, cela peut transformer la production nationale, qu’il s’agisse de poissons, de pintadeaux ou de poussins.
C.F: Au-delà de cette distinction, quel bilan faites-vous de votre participation à ce 19e Forum africain sur les systèmes alimentaires ?
F.A.P : Déjà, il faut noter que c'est un très grand Forum. Cette année, il était présidé par deux présidents, celui du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye et Paul Kagame du Rwanda. Chaque deux ans, le Forum est organisé au Rwanda. Il y avait près de 130 pays représenté, environ 6 000 visiteurs dont des bailleurs, des ONG, des entreprises, des représentations gouvernementales. C’est donc un canal important pour le réseautage. Nous avons eu l’opportunité de présenter nos activités grâce à l’accompagnement de AGRA, qui nous a permis d’avoir un stand et nous n’étions pas les seuls représentants du Burkina Faso à en bénéficier. D’autres jeunes entrepreneurs en avaient également bénéficié. Ces espaces ont été des vitrines pour mettre en lumière nos entreprises. Ils ont aussi ouvert la porte à des partenariats stratégiques, que ce soit avec des ONG, des investisseurs ou même des particuliers intéressés. En réalité, ce type de forum, c’est avant tout une histoire de réseautage. C’est là que se construisent les contacts, les collaborations et parfois même des opportunités financières capables de donner un vrai coup de pouce à l’entreprise.
C.F: Quelles sont les prochaines étapes pour Faso Elevage après cette reconnaissance continentale ?
F.A.P : Nous avons toujours des objectifs chez Faso Élevage, et gagner ce prix nous donne encore plus d’énergie pour les atteindre. Nous voulons progresser à tous les niveaux. Nous voulons former davantage de personnes, vendre plus de kits, distribuer plus de sacs d’aliments, développer la pisciculture, toucher plus de producteurs. Aujourd’hui, nous réfléchissons à des stratégies concrètes pour y arriver. L’idée, c’est de continuer à grandir, à soutenir les producteurs et à avoir un impact positif sur nos communautés.
C.F : Votre solution de kit de couvaison solaire tropicalisé est-il disponible sur le marché ? A quel prix peut-on l’avoir ?
F.A.P : Oui, nos kits sont disponibles sur le marché. Concernant le prix, il faut savoir qu’il en existe plusieurs types, de différents prix. Le plus petit modèle coûte 135 000 francs CFA. C’est une couveuse de 100 œufs, accompagnée d’une éleveuse qui peut accueillir une centaine de pintadeaux ou de poussins. Mais nous fabriquons aussi des modèles plus grands, allant jusqu’à 10 000 œufs, dont certains dépassent le million de F CFA.
C.F: Avez-vous des attentes vis-à-vis des ministères en charge de l’élevage, de la jeunesse et des partenaires techniques et financiers ?
F.A.P : Naturellement ! Il faut créer un cadre qui permet à des entreprises comme Faso Elevage de mieux s'exprimer, de prendre des décisions qui sont en phase avec l’amélioration des différentes conditions d’élevages. Mais également, ce que Faso Elevage souhait c'est que les ministères puissent acheter ou subventionner des kits d’élevages et les disponibiliser dans différents villages pour accompagner les éleveurs. Pour résumer, nous vendons déjà nos appareils, mais la majorité des clients sont des particuliers et beaucoup n’ont pas forcément les moyens de se les procurer. En parallèle, plusieurs ONG achètent également nos équipements pour soutenir leurs projets. Nous espérons aussi que les ministères pourront s’impliquer davantage. Imaginez des acquisitions de 100, 200 ou 300 kits de couvaison pour les distribuer à des bénéficiaires sélectionnés avec soin, afin que ces équipements soient réellement utilisés et génèrent un impact concret.
Interview réalisée par
La Rédaction de C’Finance
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