Selon le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, l’Etat doit augmenter doit augmenter ses allocations propres au secteur de l’agriculture au regard de ses ambitions en matière de souveraineté alimentaire.

Le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) a animé une conférence publique sur les résultats d’un rapport de suivi citoyen de l'exécution des budgets alloués aux services publics essentiels, à savoir la santé, l’éducation, l’agriculture, l’eau et assainissement, le vendredi 14 juin 2024 à Ouagadougou.

Le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) veut, à travers la production de connaissances, contribuer à de meilleures allocations et exécutions du budget de l’Etat destiné aux secteurs sociaux de base. Conformément à cet objectif, avec l’appui de l’ONG OXFAM, il réalisé une étude sur le suivi citoyen de l'exécution des budgets alloués à la santé, l’éducation, l’agriculture, à l’eau/assainissement sur la période 2020-2024. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une conférence publique le vendredi 14 juin 2024, à Ouagadougou.

Graphique montrant l’évolution des recettes prévisionnelles et des dépenses dotations globales de l’Etat de 2020 à 2024 (en milliards de francs CFA). Source : CERA-FP


Sur l’évolution du budget de l’Etat burkinabè, le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, a indiqué que les recettes prévisionnelles globales sont passées de 2 533 milliards F CFA en 2020 à 3 695 milliards F CFA en 2024, soit une augmentation globale de 961 milliards F CFA en valeur absolue, et en valeur relative de 46,72%, et une augmentation relative de 8,08% en moyenne sur la période.

Quant aux recettes propres prévisionnelles, elles ont connu une nette progression, passant de 81,27% en 2020 à 92,69% en 2023, puis 92,47% en 2024 ; tandis que les apports externes au budget régressent : de 18,73% en 2020, elles sont passées à 14,43% en 2022, puis à 7,31% en 2023 et à 7,53% en 2024.

S’agissant des recettes totales effectivement recouvrées, elles étaient de 1 858 milliards F CFA en 2020 contre 2 757 milliards F CFA en 2023, enregistrant ainsi une hausse en valeur absolue de 899 milliards F CFA entre 2020 et 2023, et 48,36% en valeur relative ; avec une progression annuelle moyenne de 14,08% sur la période.

Pour ce qui est des dépenses prévisionnelles globales du budget de l’Etat, elles se sont établies à 2 533 milliards F CFA en 2020 contre 3 695 milliards F CFA en 2024 ; soit une hausse globale de 1 162 milliards F CFA en valeur absolue, une augmentation globale relative de 45,87% sur la période et une progression annuelle moyenne de 10,12%.

Les dépenses globales effectivement réalisées ont observé la même tendance haussière. De 2 403 milliards F CFA en 2020, elles sont passées à 3 441 milliards F CFA en 2023 ; ce qui représente une augmentation de 1 038 milliards de francs CFA en valeur absolue entre 2020 et 2023 et de 43,21% en valeur relative. Sur la période, la progression moyenne annuelle des dépenses totales est de 12,82%.

Dépenses d’investissement en hausse

Selon le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, l’Etat doit augmenter doit augmenter ses allocations propres au secteur de l’agriculture au regard de ses ambitions en matière de souveraineté alimentaire.

Entre 2020 et 2023, les dépenses d’investissement ont également progressé de 573 milliards F CFA, en passant de 737 milliards F CFA en 2020 à 1310 milliards F CFA, soit une augmentation relative globale de 77,75%, contre une progression moyenne annuelle de 21,76%, a poursuivi le conférencier. S’agissant du déficit budgétaire sur la période, il se situe en moyenne annuelle à 541 milliards F CFA, soit un accroissement annuel moyen de 12,46%.

Se penchant sur le budget de l’Etat alloué aux secteurs sociaux, le rapport indique que les ressources affectées à l’éducation sont passées de 630,197 milliards F CFA en 2020 à 745,015 milliards F CFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 18,22% et un accroissement annuel moyen de 4,27% sur la période. Cependant, l’analyse montre que la part de l’éducation dans le budget global a enregistré une baisse ; elle était de 24,88% en 2020 et 25,46% en 2021, contre 23,52% en 2022, en 21,39% 2023 et 20,17% en 2024. Cela laisse percevoir que le Burkina Faso est en phase avec son engagement d’allouer 20% du budget national au secteur de l’éducation. Ces dépenses dédiées audit secteur sont dominées par les ressources propres de l’Etat qui représentent 91% du financement de l’éducation en 2020 contre 96% en 2024.

« Le budget alloué au secteur de la santé est passé de 287,005 milliards F CFA en 2020 à 371,279 milliards F CFA en 2024 affichant ainsi un taux de croissance globale de 29,36% et un accroissement annuel moyen de 6,65% sur la période. Toutefois, le budget de la santé a connu une baisse entre 2022 et 2023 avant de reprendre sa tendance haussière entre 2023 et 2024 », a fait savoir M. Doanio.  Les allocations budgétaires dudit secteur sur la période 2020-2024, y compris les financements extérieurs, représentent en moyenne 10,05% du budget général de l’Etat. Ce qui laisse voir que l’engagement international d’affecter 15% du budget national à ce secteur n'est pas respecté. Toutefois, l’Etat reste le principal apporteur en ressources audit secteur, en couvrant en moyenne 89% des dépenses de santé.  

Concernant le budget alloué au secteur de l’eau et assainissement, il est passé de 44,29 milliards F CFA en 2020 à 62,386 milliards F CFA en 2024 affichant ainsi un taux de croissance globale de 40,86% et un accroissement annuel moyen de 8,94% sur la période.

L’Etat et la société civile interpellés

En comptabilisant, les ressources du compte d’affection spécial (CAST) dédié à l’eau et assainissement, les allocations budgétaires à ce secteur passent de 87,466 milliards F CFA en 2020 à 92,82 milliards F CFA en 2024, affichant un taux de croissance globale de 6,13% et un taux d’accroissement annuel moyen de 1,5% sur la période. La part du budget de l’Etat alloué à ce secteur est en moyenne 1,9% sur la période, mais avec l’Etat principal pourvoyeur de ressources (73% en moyenne).

Enfin, le budget alloué au secteur de l’agriculture est passé de 155,485 milliards de francs CFA en 2020 à 164,485 milliards de francs CFA en 2024, soit un taux de croissance globale de 5,79% et un accroissement annuel moyen de 1,42% sur la période ; avec toutefois, une baisse entre 2021 (192,18 milliards F CFA) et 2023 (151,423 milliards F CFA).  Pour ce qui est de la part du secteur agricole dans le budget de l’Etat, elle est de 5,43% en moyenne sur la période, y compris les ressources extérieures, ce qui est en deçà de l’engagement de Maputo qui veut que chaque Etat africain consacre au moins 10% de son budget à l’agriculture. Si les ressources propres allouées à l’agriculture sont prédominantes (53% en moyenne par an), la part des financements extérieurs (43% en moyenne) reste aussi importante, fait remarquer le secrétaire exécutif de CERA-FP.

A l’endroit de l’Etat, le conférencier à formuler des recommandations. Il s’agit, entre autres, d’accroitre les dotations au profit de la santé, de l’eau et assainissement et de l’agriculture au regard des défis de développement de capital humain, d’instaurer une culture de résultats basée sur les indicateurs smart sectoriels, de fixer des cibles d’affectation budgétaire par secteur et sur trois ans, d’instaurer dans le calendrier budgétaire la concertation avec les OSC sectoriels, de réaliser un audit social des dépenses concernées.

Aux OSC, il leur a recommandé, entre autres, de renforcer leurs capacités sur le budget et l’analyse budgétaire pour un suivi citoyen efficace, d’élaborer une stratégie de plaidoyer et de lobbying pour influencer les affectations budgétaires, de réaliser des analyses spécifiques par programme ou actions des secteurs sociaux.

La rédaction

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Ce tableau présente les parts budgétaires des secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et de l’eau et assainissement dans le budget de l’Etat de 2020 à 2024

 

2020

2021

2022

2023

2024

Part budgétaire de l’Agriculture

6,14%

7,19%

4,97%

4,42%

4,45%

Part budgétaire de la santé

11,33%

11,14%

10,75%

9,24%

10,05%

Part budgétaire de l’éducation

24,88%

25,46%

23,52%

21,39%

20,17%

Part budgétaire de l’eau et assainissement

1,75%

2,11%

2,11%

1,85%

1,69%

Source : CERA-FP

 

 

 

 

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