La 1re édition du Salon International de la Bourse Africaine a clos son programme d’activités par un atelier pratique consacré aux dispositifs institutionnels existant pour accompagner les Petites et Moyennes Entreprises (PME) en temps de crise. Cette activité s’est déroulée le samedi 5 avril 2025, au 2e jour du Salon et a réuni trois experts économistes et financiers sous la modération du directeur général de Witti Finance, Joël Ky.

L’un des objectifs de la 1re édition du Salon International de la Bourse Africaine (SIBA) était d’offrir un cadre de connexion entre professionnels et experts de la finance et dirigeants d’entreprise pour des séances pratiques de partage d’informations et d’expériences. Ce fut le cas de  l’atelier du 5 avril 2025 consacré aux dispositifs institutionnels existant pour accompagner les entreprises dans un environnement de crise. Cet atelier modéré par le directeur général de l’institution de Meso finance, Witti Finance, Joël Ky, a réuni trois spécialistes de la finance sous le thème : « Accompagnement des entreprises dans un environnement de crise : conseil, financement et développement ».

Les experts de la finance, Ephraïm Magloire Kaboré, chef de service à l’Agence de Financement et de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (AFP/PME), formateur certifié en gestion des entreprises, enseignant en analyse financier ; Borus Ouattara, directeur de l’animation économique à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF), certifié dans l’accompagnement des entreprises, enseignant ; et Seydou Soungalo Yaméogo, directeur général de la société de microfinance Finec Burkina SA et président de l’Association professionnelle des Système Financiers Décentralisés (SFD) au Burkina Faso ont été les animateurs de cet atelier axé autour de trois sous-thématiques, en l’occurrence les défis économiques et financiers des entreprises ; les dispositifs techniques, juridiques ou financiers mis en place par l’Etat pour accompagner les entreprises en période de crise ; et les solutions de financement disponibles dans un environnement de crise.

L'expert financier, Ephraïm Magloire Kaboré de l'AFP/PME résume les principaux défis économiques et financiers des entreprises au rétrécissement du marché local, au difficile accès au financement, et à l’exclusion des PME situées dans les zones en crise.

 

S’agissant du premier sous-thème, Ephraïm Magloire Kaboré a énuméré les principaux défis économiques et financiers auxquels les entreprises doivent faire face en situation de crise. Il s’agit du rétrécissement du marché local, du difficile accès au financement, et  de l’exclusion des PME situées dans les zones en crise. Ce que Borus Ouattara va compléter en rappelant les « dix faiblesses de promotion du secteur privé au Burkina Faso ».

Nécessaire intervention de l’Etat

Ce sont la fiscalité, les lourdeurs administratives, les difficultés d’approvisionnement et  d’écoulement, la corruption, l’insuffisance d’une main d’œuvre qualifiée, les difficultés d’accès au financement, le manque de garanties et de confiance.  « Déjà en situation normale les, PME ont des difficultés structurelles (cf les dix faiblesses), en situation de crise ça devient encore plus difficile », a-t-il analysé. Ce qui lui fait dire que la crise impacte fortement les entreprises et les difficultés de s’acquitter de ses obligations fiscales en est une parfaite illustration.

Et c’est pour cette raison, selon les conférenciers, que l’Etat a mis en place des dispositifs techniques, juridiques ou financiers pour accompagner les entreprises en période de crise.  La création de structures comme la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI-BF), la Maison de l’entreprise du Burkina, l’AFP/PME ou l’existence de fonds nationaux de financement, etc. participent de l’objectif des pouvoirs publics  d’accompagner les unités économiques à rester résilientes et à performer pendant les périodes difficiles.

Selon les explications du directeur de l’animation économique à la CCI-BF, cet établissement public à caractère professionnel de l’Etat offre des formations et différentes prestations aux entreprises.

« C’est la CCI-BF qui a travaillé à la mise en place d’infrastructures telles que la Zone d’Activités Diverses (ZAD) dans l’idée de favoriser un regroupement d’entreprises (notamment des unités industrielles à l’origine) et Ouagarinter (pour faciliter les opérations de dédouanement et fluidifier le transit à l’intérieur de pays) », a-t-il révélé.  

C’est encore la CCI-BF qui organise les formations des moniteurs d’auto-école ainsi que celles pour l’obtention du permis de catégorie E nécessaire à la conduite des véhicules gros porteurs, a ajouté le directeur de l’animation économique de la CCI-BF. Quant à la Maison de l’Entreprise, elle facilite les démarches pour la création d’entreprises et leur offre divers types d’accompagnements à travers des projets et programmes.

« Nos concours sont plus présents en période de crise… »

Mr Ouattara va citer à titre d’exemple les initiatives de l’Etat, mises en œuvre par la Maison de l’Entreprise, dans des zones impactées par la crise sécuritaire et visant à impulser la dynamique entrepreneuriale chez les jeunes (offre de crédit sans intérêt ni garantie). Ces dernières années, l’action de l’Etat a consisté en des réformes profondes dans le sens de dynamiser davantage l’activité des PME à travers notamment le regroupement de certains fonds nationaux.

Le directeur de l’animation économique à la CCI-BF, Borus Ouattara : « C’est la CCI-BF qui a travaillé à la mise en place d’infrastructures telles que la Zone d’Activités Diverses (ZAD) dans l’idée de favoriser un regroupement d’entreprises (notamment des unités industrielles à l’origine) et Ouagarinter (pour faciliter les opérations de dédouanement et fluidifier le transit à l’intérieur de pays) »

 

Ephraïm Magloire Kaboré de l’AFP/PME va étayer les soutiens de l’Etat en rappelant l’exonération fiscale accordée aux entreprises lors de la crise de la COVID-19 en 2020. L’accompagnement étatique se manifeste également à travers l’AFP/PME qui exécute des projets de développement en partenariat avec des Partenaires Techniques et Financiers.

« Ce sont beaucoup de milliards que l’état injecte pour accompagner des PME impactées par la crise », a soutenu Mr Kaboré.

L’intervention du directeur général de la structure de microfinance Finec SA, Seydou Soungalo Yaméogo a été davantage focalisée dans les solutions de financement disponibles pour les entreprises dans un environnement de crise. Il va commencer par faire remarquer que la situation de crise impacte tout autant les institutions financières qui sont aussi des entreprises.

Les structures financières se doivent donc d’être résilientes pour pouvoir continuer à accompagner les entreprises., ce qui justifie qu’elles soient frileuses en période de crise, parce qu’elles sont beaucoup sollicitées, pendant les moments difficiles.

Les participants du SIBA ont suivi avec intérêt les communications de l'atelier pratique sur le financement des entreprises en situation de crise.

 

Mais, assure Mr Yaméogo, les institutions financières continuent de financer l’économie à travers des crédits groupés ou individuels, des crédits de trésorerie, des avances de marché, etc. « Nos concours sont plus présents en période de crise qu’en situation normale », a martelé le directeur général de Finec SA, rappelant opportunément que sa structure venait d’être créée justement, il y a 7 ans de cela, quand la crise de la COVID-19 s’est déclenchée.

Capital-risque et bourse, des solutions alternatives de financement

Et lorsque des problèmes de liquidité interviennent à cause des difficultés structurelles des entreprises comme c’est souvent le cas en ces périodes, l’on peut assister à l’intervention de l’Etat.  En guise de conseil, Seydou Soungalo Yaméogo va exhorter les entreprises à mieux se structurer afin de pouvoir intervenir sur le marché financier, une autre alternative de financement en situation de crise.

« Le marché financier est assez important au-delà du concours bancaire. La BRVM dispose d’un compartiment PME », a souligné le DG de Finec SA, rappelant qu’une PME burkinabè a pu lever 5 milliards sur le marché boursier en 2024 à travers la SA2IF.

« Ce que nous attendons de la PME en période de crise c’est qu’elle innove et diversifie son portefeuille, avec une extension géographique de son marché pour pouvoir écouler ses produits », a souligné Mr Yaméogo.

Le directeur général de FINEC SA, Seydou Soungalo Yaméogo, a recommandé formellement aux responsables d’entreprises de s’entourer de conseillers financiers et juridiques et de signer des pactes d’actionnariat pour une bonne gestion de leurs entreprises, surtout en cas d’ouverture de leur capital.

 

A ces conseils, Ephraïm Magloire Kaboré va ajouter la possibilité pour les entreprises de se financer en période de crise à travers le capital-risque, cette opération par laquelle l’entreprise ouvre son capital à la participation d’une structure qui va injecter des fonds en échange de prise de parts. L’avantage est qu’il n’est point besoin de garantie en ce cas, et à termes, cette opération ouvre la voie de la bourse à la PME.

Seulement, précisera Mr Kaboré, pour pouvoir bénéficier du capital-risque ou même intervenir en bourse, les PME doivent avoir une bonne structuration, un bon niveau de gouvernance.

« Le capital-risque nécessite de la transparence dans la gestion des entreprises. C’est ça la pierre d’achoppement dans le domaine de la finance. Une PME qui veut évoluer doit avoir une gestion transparente et communiquer régulièrement avec sa banque, cela permet d’anticiper les difficultés », a conclu Mr Yaméogo avant de recommander formellement aux responsables d’entreprises de s’entourer de conseillers financiers et juridiques et de signer des pactes d’actionnariat pour une bonne gestion de leurs entreprises, surtout en cas d’ouverture de leur capital.

Mamadou OUATTARA

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