Le gouvernement burkinabè a adopté ce 26 mars 2025 en Conseil des ministres un décret créant une nouvelle société dénommée "Faso Transit et Logistique" qui sera en charge désormais du transit des produits stratégiques tels que les hydrocarbures, les produits de l’industrie minière ainsi que les équipements des forces de défense et de sécurité.
Dans une démarche stratégique visant à renforcer la souveraineté économique et la gestion des flux de marchandises essentielles, le gouvernement burkinabè a annoncé la création de la Société de Transit et Logistique du Burkina Faso, dénommée "Faso Transit et Logistique". Cette nouvelle entité publique, dont les statuts ont été adoptés en Conseil des ministres ce 26 mars 2025, a pour objectif de rationaliser les opérations de transit des produits stratégiques du pays des Hommes intègres.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Dr Aboubakar Nacanabo, a mis en avant l'importance stratégique de cette initiative pour le Burkina Faso. Selon lui, l'importation des produits stratégiques constitue un défi majeur que le pays doit maîtriser pour assurer son développement économique et sécuritaire. Parmi les marchandises concernées, on retrouve les produits destinés à l'industrie minière, les hydrocarbures et les équipements des Forces de défense et de sécurité.
L’État burkinabè ambitionne d’élargir progressivement le champ d’action de cette société pour couvrir l’ensemble des produits stratégiques nécessaires au développement du pays. Cette approche vise à sécuriser l’approvisionnement de ces biens, tout en assurant une meilleure gestion des coûts et des délais de livraison.
La création de "Faso Transit et Logistique" s’inscrit donc dans une logique de reconquête économique et de consolidation de la souveraineté nationale pour le gouvernement. L'État veut ainsi assurer une meilleure gestion de la chaîne logistique pour ces biens essentiels, dans la vision de réduire sa dépendance vis-à-vis des acteurs privés et étrangers du secteur du transit.

La mise en place de cette nouvelle structure répond à plusieurs impératifs stratégiques. Il s’agit d’abord de l’optimisation des coûts liés aux opérations de transit. Le rapport des travaux du Conseil des ministres indique à ce titre que l’Etat, en contrôlant directement ces opérations, espère réduire les charges financières associées aux importations et garantir des prix compétitifs pour les marchandises stratégiques.
Un enjeu de souveraineté économique
Il y a ensuite la gestion plus efficiente des approvisionnements. « Une coordination plus efficace des flux logistiques permettra d’éviter les retards et les ruptures d’approvisionnement pour les secteurs clés de l’économie nationale », précise le gouvernement.
Et il y a enfin, l’accroissement des ressources publiques à travers la centralisation de ces opérations sous une entité d’État, permettant de générer de nouvelles recettes et limiter les fuites de capitaux vers des entreprises privées étrangères. La société Faso Transit et Logistique sera dotée d’une gouvernance spécifique pour garantir la transparence et l’efficacité de ses opérations, conformément au décret n°2000-189/PRES/PM/MCIA du 17 mai 2000, qui régit les sociétés d’État au Burkina Faso.
Le ministre de l’Économie et des Finances a précisé que la société sera fonctionnelle dans les mois à venir, avec une mise en œuvre progressive de ses activités. Une feuille de route détaillée sera prochainement dévoilée pour encadrer les étapes de son déploiement. La création de Faso Transit et Logistique s’inscrit dans une vision plus large de réforme du secteur de la logistique au Burkina Faso qui de parvenir à soustraire l’Etat de la dépendance aux transitaires privés. Ce projet s’aligne également avec les objectifs du gouvernement en matière de sécurité nationale. La gestion efficace du transit des équipements militaires et des produits stratégiques contribuera à renforcer les capacités opérationnelles des forces armées et de sécurité intérieure.
Le Burkina Faso rejoint ainsi d’autres nations africaines qui ont mis en place des structures similaires pour garantir leur souveraineté logistique. Des pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire ont déjà adopté des modèles de gestion publique des flux stratégiques.
Mouni N’GOLO