Le cabinet Bloomfield Intelligence du Groupe Bloomfield Investment Corporation a présenté le rapport 2025 risque d’investissement de la Côte d’Ivoire au cours de la 9e de la Conférence Risque Pays, le mercredi 16 avril 2025, à Abidjan. Il ressort que la Côte d’Ivoire reste dans la catégorie des pays à risques faible avec une note sous observation de 6,3/10 contre 6,5/10 en 2024.

Après avoir passé en revue les performances et limites de la Côte d’Ivoire dans cinq domaines clés de la vie de la nation, à savoir l’environnement économique, le climat des affaires, la gestion des finances publiques, le système monétaire et financier et le risque sociopolitique, le cabinet Bloomfield Intelligence du Groupe Bloomfield Investment Corporation lui a attribué la note de 6,3/10 au titre de l’année 2025.

Malgré une note en baisse par rapport à 2024, où elle était de 6,5/10, la Côte d’Ivoire demeure dans la catégorie des pays à risques faible, c’est-à-dire attractif pour les investisseurs. Le rapport diagnostic de l’état de santé macroéconomique, financière, monétaire, sociopolitique, du cadre règlementaire et institutionnel des affaires a été présenté lors de la 9e conférence Risque Pays 2025 de la Côte d’Ivoire, le mercredi 16 avril 2025, à Abidjan, par le PDG de Bloomfield Investment Corporation, Stanislas Zézé.

« Bloomfield Intelligence est dans une logique de contextualisation de l’analyse du risque. Notre approche consiste donc à interpréter plusieurs indicateurs économiques dans leur contexte pour qu’ils aient un sens et qu’ils permettent de poser les problèmes et de trouver les solutions pour les résoudre. Einstein disait que si vous ne trouvez pas de solutions à votre problème, c’est que vous l’avez mal posé », a souligné M. Zézé à l’entame de la présentation du rapport.

Le PDG de Bloomfield Investment Corporation, Stanislas Zézé : « la logique de la conférence risque pays est de créer une plateforme de débats constructifs pour discuter de la cartographie de risques d’investissements en Côte d’Ivoire ».

 

Sur le plan économique, en 2024, la richesse créée par la Côte d’Ivoire est estimée à 52 400 milliards de F CFA. Elle est portée principalement par les secteurs tertiaire à hauteur de 46%, secondaire (24 %) et primaire (15 %). Et l’un des principaux atouts du pays est qu’il bénéficie d’une croissance économique soutenue ces dernières années. En effet, la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance de 6,1 % en 2024 et une croissance moyenne de 5,2 % de 2020 à 2023.

Cette performance dans la croissance est portée par une industrialisation croissante grâce aux effets induits des zones industrielles de Akoupé-Zeudji et Yopougon, de la transformation semi-finie du cacao à hauteur de 42 % et de la noix de cajou à 21,7 %.   

Les déséquilibres régionaux, comme facteur de risques

La robustesse du commerce extérieur, avec des exportations en hausse de 6,4 en 2024 grâce aux produits transformés (39,8 %), notamment du pétrole, et le dynamisme de la demande intérieure, caractérisée par une consommation finale en hausse de 3,4 % tirée par la classe moyenne, et des investissements en progression de 8,1 %. Cette croissance ivoirienne va conserver une tendance haussière pour s’établir 6,3 % à fin 2025. Ces indicateurs ont valu à ce critère de performances macroéconomiques la note 8,1/10 pour 2025, soit la même qu’en 2024.

Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car malgré cette embellie, les facteurs de risques pouvant affecter négativement l’économie ivoirienne ne manque pas. Il y a par exemple la contraction du secteur de la pêche qui a enregistre une croissance négative de 5 % due à la surexploitation, à la pêche illégale, au changement climatique et aux infrastructures insuffisantes.

Il y a également les déséquilibres régionaux se caractérisant par une concentration de l’activité économique sur le littoral, en dépit des efforts de déploiement des zones industrielles intérieures comme Bondoukou, Korhogo. Sans oublier les contraintes logistiques, foncières et énergétiques qui viennent corser les coûts des facteurs de production, et partant, limitent la compétitivité industrielle. 

Le poids du secteur informel constitue aussi une contrainte qui appelle à une transformation structurelle en profondeur de l’économie ivoirienne pour réduire cette part d’informalité, en misant sur la recherche et développement, la formation, a insisté M. Zézé.

Fiche d’évaluation du Risque Pays 2025 de la Côte d’Ivoire

Source : Bloomfield Intelligence

Pour ce qui est du climat des affaires, il reste favorable avec une note inchangée de 6,5 par rapport 2024 ; il continue de bénéficier de la perception positive des entreprises. Ce climat favorable s’explique par une amélioration de la gouvernance, avec une progression des Indices Mo Ibrahim de 0,5 point, de la lutte contre la corruption qui enregistre une amélioration de 5 points qui propulse le pays au 69e rang mondial en 2024 contre 87e rang en 2023.

Une bonne capacité de mobilisation des recettes budgétaires

A cela s’ajoute les réformes attractives comme le code des investissements de 2024 qui encadre les activités des PME et la transformation locale, et les investissements dans le domaine de l’accès à l’électricité. Malgré ces points positifs, l’économie ivoirienne fait face à des défis majeurs : l’accès au financement surtout des PME, le coût élevé des facteurs de production et la nécessité de développer un contenu local propice à l’émergence de champions nationaux, souligne Stanislas Zézé.

Le critère de la gestion des finances publiques par l’Etat ivoirien a été crédité d’une note de 6/10 en 2025 contre 6,5 en 2025, soit un recul de 0,5 point.  Les éléments positifs qui sous-tendent cette note sont la bonne capacité de mobilisation des recettes budgétaires avec une progression soutenue de 12,0 % par rapport 2023 et le niveau de stock de la dette contenu. En effet, le poids de la dette par rapport au PIB est estimé à 59,5 % en 2024 alors qu’il était de 57,5 % en 2023 et qui est en dessous de la communautaire fixée à 70 % du PIB ; plaçant la Côte d’Ivoire dans la zone d’endettement modéré.

Au niveau de la collecte des ressources domestiques, on note une croissance des recettes fiscales de 10,3 %, des recettes non fiscales de l’ordre de 14,9 % et un recul des dons à hauteur de 22,5 %.

Quant aux facteurs de risques en matière de finances publiques, ils résident dans le ratio déficit budgétaire de 4 %, supérieure à la norme communautaire de 3 %, dans le poids des dépenses de personnel qui représente 38 % des recettes fiscales contre une limite UEMOA de 35 % ; mais aussi dans le poids du service de la dette qui représente 84,4 % des recettes fiscales, contre 70,4 % en 2023, qui est une « source de préoccupation ».

Une note de risque sociopolitique et sécuritaire en baisse

Les risques résident également l’exposition du pays aux devises étrangères, avec une part de sa dette en devise de 55,7 % et une pression fiscale en apparence faible de l’ordre de 14,4 %. « Il est extrêmement important que la structuration de la dette de la Côte d’Ivoire change, qu’elle soit plus en monnaie locale qu’en devises pour réduire cette exposition », a préconisé le PDG de Bloomfield Investment Corporation.

Le fondateur de la première agence de notation financière d’Afrique francophone, Stanislas Zézé : « la croissance ne peut pas être inclusive si 80% de la richesse est produite par des multinationales étrangères ».

Au niveau du système financier et monétaire Bloomfield Intelligence a attribué la note de 6,3/10 contre 6,2 en 2024.  Les performances du système financier et monétaire tiennent à celles du secteur bancaire qui réalise un total bilan de 22 183,3 milliards F CFA en 2024, soit une hausse de 3,5 % et une offre de crédit bancaire de 7 148,2 milliards de FCFA, en progrès de 10,6 %. Mais le taux d’inflation de 3,5 %, supérieure à la norme communautaire de 3 %, et le coût élevé du crédit qui réduit l’accès au financement, constituent des facteurs de risques. 

S’agissant du critère du risque sociopolitique et sécuritaire, la note de la Côte d’Ivoire en 2025 est en baisse de 0,4 point pour s’établir à 4,5, en dessous de la moyenne. Si sur la situation sécuritaire du pays connait une nette amélioration, avec un indice sécuritaire qui est passé de 6,8 % en janvier 2012 à 1,2 % en décembre 2024, signe d’un environnement plus stable, « le risque terroriste reste permanent, surtout dans le Nord ».

Il ressort d’un rapport que la Côte d’Ivoire demeure exposée aux tensions politiques, particulièrement en période électorale, malgré un dialogue initié en 2022 et des mesures d’apaisement telles que la grâce accordée à Gbagbo. « L’exclusion de figures majeures pour les élections de 2025 et une faible mobilisation électorale font resurgir des risques, bien que les scrutins de 2023 se soient déroulés dans un climat apaisé », souligne le document.

Une excellente performance économique sans l’impact social souhaité

Le poids de la corruption révèle un problème de gouvernance et constitue un facteur de risque. « Selon les dernières données de 2022, la corruption fait perdre à la Côte d’Ivoire 1 400 milliards F CFA par an, soit 4% du PIB du pays, et 4 fois le budget de la Centrafrique. C’est énorme », a déploré M. Zézé.

Des représentants du gouvernement ivoirien, du monde des affaires, de la société civile ont pris part à la 9e édition des Conférences Risque Pays, marquée par la présentation du rapport risque pays 2025 de la Côte d’Ivoire et des panels.

 

Le rapport de Bloomfield Intelligence souligne également que l’impact de la performance économique ivoirienne sur l’indice de développement humain du pays n’est pas au niveau souhaité, surtout pour une économie qui représente 40% du PIB de l’UEMOA, suivi du Sénégal avec 17% du PIB de l’Union. 

« Quand on rapproche cette croissance moyenne de 8% de 2012 à 2020 et de 6% à partir de 2022, il y a un décalage avec l’espérance de vie qui est de 58 ans en la Côte d’Ivoire, contre 72 ans en moyenne mondiale, 61 ans en moyenne communautaire, 67 ans pour le Sénégal et 62 ans pour le Niger. C’est un vrai gap qui montre que l’excellente performance économique de la Côte d’Ivoire n’a pas l’impact social recherché », a indiqué le PDG Stanislas Zézé.

Et pour qu’il y ait cette redistribution équitable souhaitée, l’économie doit être portée par des nationaux. « La croissance ne peut pas être inclusive si 80% de la richesse est produite par des multinationales étrangères. C’est la réalité de l’économie ivoirienne. Et c’est cette structuration qui fait qu’on est dans ce décalage avec l’impact social », a-t-il conclu.

Mais l’autre bonne nouvelle de cette évaluation est la bonne progression du niveau revenu par habitant qui est passé de 1 700 dollars en 2012 à 5 000 dollars en 2024, plaçant la Côte d’Ivoire dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire. « C’est un élément d’évaluation de richesse qui est extrêmement important », a indiqué M. Zézé.

Ra-Yangnewindé 

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