Droit et financement du secteur privé en Afrique de l’Ouest : l’ancien ministre, Dr Ousseni Tamboura, dédicace un livre sur la problématique

Dr Ousseni Tamboura, ancien ministre de la Communication et ancien député à l’Assemblée nationale, interroge la problématique de l’accès des entreprises aux crédits à travers un ouvrage intitulé : « Droit et financement du secteur privé en Afrique de l’Ouest ». L’œuvre a été dédicacée le mardi 13 mai 2025, à Ouagadougou.
Il est une constante que le secteur privé est le moteur de la croissance économique. Malheureusement, en Afrique, l’accès des entreprises aux crédits constitue une contrainte majeure, qui affecte leur essor. L’ancien ministre de la Communication et ancien parlementaire, Dr Ousseni Tamboura, veut contribuer à trouver des réponses structurelles à la problématique, comme le souligne un rapport de l’AFD : « même si l’Afrique a accompli d’importants progrès dans la financiarisation de son économie, son secteur privé reste sous-desservi en termes d’accès au financement ». Pour ce faire, il a mis sur le marché un ouvrage intitulé : « Droit et financement du secteur privé en Afrique de l’Ouest ». La cérémonie de dédicace de l’œuvre est intervenue le mardi 13 mai 2025, à Ouagadougou.
De l’avis des experts, l’auteur, juriste et expert du marché de l’emploi, a le mérite d’être l’un des pionniers à questionner le problème du financement des entreprises en Afrique sous le prisme des instruments juridiques. « C’est vrai, sur le financement du secteur privé en Afrique, il existe une littérature abondante. Mais la particularité de l’ouvrage d’Ousseni Tamboura est qu’il est l’un des premiers écrits qui combine savamment règles juridiques et théories économiques pour caractériser un ensemble de solutions adaptées aux contextes des PME en Afrique de façon générale et en Afrique de l’Ouest d’une manière particulière », a confié le Professeur titulaire en droit privé à l’Université Thomas Sankara, Pr Souleymane Toé, qui a eu la charge de présenter le livre.
Nécessaire corrélation entre le droit et les objectifs économiques
Mieux, cet ouvrage de 225 pages, publié aux Editions Mercury en Octobre 2024, qui « se distingue par sa simplicité et sa clarté » et par sa « compréhension aisée », permet de se faire une idée sur la philosophie qui sous-tend la gouvernance d’entreprise en Afrique et la nécessaire corrélation entre le droit et le financement du secteur privé en Afrique de l’Ouest. Il constitue une illustration parfaite de la formule imagée proposée par le Doyen Georges Ripert qui écrivait à propos de la réforme du cadre juridique de l’économie, que « s’il faut réformer l’économie, les économistes détermineront la voie et les juristes fourniront les moyens », a poursuivi Pr Toé.
Le livre comporte deux principales parties. La gouvernance d’entreprise et le financement d’entreprise, à travers l’explicitation des principaux éléments constitutifs de cette gouvernance, des liens entre investissement et gouvernance d’entreprise, constituent le siège de la première partie. Pour ce qui est de la seconde partie, il y est question de la nécessaire corrélation entre le droit et les objectifs économiques ; et l’auteur y interroge le droit OHADA, la théorie de la banque principale et le principe de la souveraineté monétaire de l’UEMOA.
Selon l’enseignant-chercheur en droit des affaires, l’auteur, à travers cette approche fondée sur la dialectique scientifique, réussit la prouesse de « systématiser le pari de la gouvernance d’entreprise depuis le droit OHADA à travers notamment ses techniques juridiques audacieuses que sont le principe de primauté et son effet direct, et le principe d’un pouvoir judiciaire supranational, sans oublier la théorie des conventions et l’orientation unique en matière de traitement des difficultés de l’entreprise ».
Une approche holistique
Pour l’éditeur, Thierry Millogo, ce livre issu des travaux de thèse doctorat de l’auteur de 2012 à 2016, vient apporter un plus dans la compréhension des questions juridiques en lien avec le financement des entreprises. Cet ouvrage à cratère académique, a-t-il poursuivi, est de belle facture et constitue l’un des rares qui aborde cette problématique avec autant de pertinence, de propositions, qui sont des leviers pouvant aider les chefs d’entreprises à obtenir des financements et à exploiter au mieux leur potentiel de croissance.

Le directeur de thèse de l’auteur, le Professeur Abdoulaye Sakho de l’Université Cheick Anta Diop, a lui aussi salué la singularité de la démarche de son ancien étudiant. Pour M. Sakho, Dr Tamboura est de ses intellectuels qui sortent des sentiers battus, de l’enfermement de la spécialisation pour aborder les problématiques de manière transversale, globale, holistique.
Pour Dr Ousseni Tamboura, ce qui l’a motivé à mettre sur le marché un tel ouvrage sur une telle thématique, réside dans sa volonté d’apporter sa « modeste contribution » à la recherche de solutions à la sempiternelle problématique de l’accès optimal des entreprises privées en Afrique de l’Ouest, notamment dans l’UEMOA, aux crédits, en faisant appel au rôle du système juridique, qui constituait l’une des causes des insuffisances du marché du crédit.
Nouveaux défis, nouveau droit
« L’angle d’attaque de l’ouvrage et de la thèse était de considérer l’offre et la demande de crédit. Sous l’angle de la demande de crédit, il est question de considérer que la qualité de la gouvernance de l’entreprise devient une variable patrimoniale pour pouvoir lever des fonds. Car, plus l’entreprise est bien gérée, ce qui suppose respect des règles juridiques, transparence, disponibilité de l’information économique et sur le promoteur, plus vous résolvez le problème de l’asymétrie de l’information qui permet au banquier et au marché financier de vous faire confiance », a-t-il souligné. L’ouvrage démontre également qu’il convient pour les pays de l’UEMOA de dépasser l’héritage colonial d’un système financier orienté uniquement vers la banque. Et pour y arriver, et surtout face aux nouveaux défis de mobilisation de ressources aussi bien pour le public que le privé, il faut s’approprier le droit, le réinventer et lui assigner de nouveaux objectifs économiques, a confié l’auteur.

Car, bien que le droit OHADA soit une véritable avancée en matière communautaire des affaires, a-t-il reconnu, au regard des insuffisances de cet héritage juridique, pour que les entreprises soient bien financées, il convient de faire évoluer le droit pour favoriser certainement le créancier. Dans le sillage du débat national sur le franc CFA, la thèse aboutit également à la conclusion qu’il faut renégocier le traité monétaire de l’UEMOA, ce droit centenaire ayant secrété le système monétaire et bancaire actuel, qui était destiné à répondre à des objectifs économiques précis de l’époque. « Car, si l’on veut qu’il évolue, il faut sortir du lit historique, pour construire simplement un nouveau droit », a conclu Dr Tamboura.
Précieux outil pour les pouvoirs publics, les entreprises, étudiants, les enseignants-chercheurs et d’une manière générale, les praticiens du monde des affaires pour comprendre et appliquer les techniques de financement des entreprises en Afrique, l’ouvrage est disponible à 10 000 F CFA à la libraire Mercury, et bientôt à la librairie Jeunesse d’Afrique.
La Rédaction