Coris Invest Group, la holding du célèbre financier et business man burkinabè, Idrissa Nassa, est citée pour reprendre des mines d’or en Guinée et au Mali par le biais de sa société Nioko Resources Corporation qui veut convertir une dette envers la société britannique Hummingbird Resources. La concrétisation de ce projet va permettre à l’homme d’affaires burkinabè de diversifier encore plus ses activités déjà connues dans le domaine bancaire, assuranciel, boursier, industriel.
La Société Nioko Resources Corporation de la holding Coris Invest Group du business man burkinabè Idrissa Nassa serait engagée dans une opération d’acquisition des parts de la société minière britannique Hummingbird Resources propriétaire des mines d’or Yanfolila au Mali et Kouroussa en Guinée.
L’information est relayée par un communiqué de Hummingbird en date du 6 novembre 2024 et faisant part de difficultés financières de la société.
« Nous traversons une période charnière pour la société, et la décision de restructurer notre dette avec le soutien de nos prêteurs, de la CIG (NDLR : Coris Invest Group) et de notre principal actionnaire, Nioko, est une étape cruciale vers la stabilité financière », a annoncé le fondateur et président exécutif de Hummingbird, Dan Betts.
Selon certaines projections, Nioko Resources propose de porter sa participation dans la compagnie britannique, en convertissant un prêt non garanti de 30 millions $ fourni par Coris Invest Group en actions de Hummingbird. Cela donnerait à Nioko une participation de 71,8 % dans la société. Une fois cette conversion réalisée, Nioko Resources a l’intention de demander le retrait de la compagnie britannique de la bourse de Londres.
Mais cela reste encore des projections. En tout état de cause, l’intérêt de la holding du milliardaire burkinabè pour le domaine minier est manifeste. En juillet dernier, le groupe canadien Orezone a annoncé avoir obtenu des engagements fermes de deux partenaires pour un financement de 105 millions de dollars destinés à agrandir sa mine d’or Bomboré. Ces deux partenaires étant la banque Coris Bank engagée à fournir plus de la moitié du financement à travers un prêt de 58 millions de dollars et Nioko Resources Corporation annoncé alors comme « un groupe d’investissement burkinabè et ouest-africain », qui s’est porté acquéreur de 92 743 855 actions ordinaires d’Orezone avec un investissement de 47 millions de dollars.
De quoi confirmer l’avancée de Idrissa Nassa dans l’exploitation minière, après la banque, l’assurance, la bourse et l’industrie agroalimentaire.
Les réflexions thématiques entrant dans le cadre de la 6e édition de la Semaine des activités minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO) ont débuté le jeudi 26 septembre 2024 avec le panel de haut niveau portant sur les stratégies de gestion des minéraux critiques en Afrique. Cette conférence a été animée par le Conseiller spécial du Président de la République du Niger sur les questions minières, Abdourazakou Abdou Moumouni qui a présenté la vision de son pays en matière de gestion des minéraux stratégiques et critiques en présence du ministre burkinabè en charge des Mines, Yacouba Zabré Gouba.
La capitale burkinabè, Ouagadougou, est le carrefour des acteurs du secteur minier africain du 26 au 28 septembre 2024 à la faveur de la 6e édition de la Semaine des activités minières d’Afrique de l’Ouest. L’édition de cette année met au centre des réflexions, la gestion des minéraux critiques en posant la nécessité pour l’Afrique et singulièrement le Burkina Faso, de définir une politique de gestion des minéraux stratégiques et critiques qui cristallisent les intérêts du fait de l’accélération de la transition énergétique.
Le panel inaugural de la SAMAO 2024 a connu la participation du ministre burkinabè en charge de l’Energie, des Mines et des Carrières, Yacouba Zabré Gouba, du Conseiller spécial du Président nigérien sur les questions minières, Abdourazakou Abdou Moumouni, ainsi que des experts du secteur minier.
Les discussions ont porté sur le positionnement des pays africains en matière de gestion des minéraux critiques. Le représentant nigérien a partagé la vision de son pays sur la question. Pour lui, il est essentiel que les Africains changent leur regard sur leurs minéraux, dans une dimension prospective.
« Ce qui est stratégique pour les autres, ne l’est pas pour nous », a-t-il relevé, soulignant à titre illustratif que l’uranium (Ressource abondante au Niger et qui intervient dans la production énergétique) n’est pas un minerai stratégique à l’heure actuelle pour le Niger. « Ce produit viendrait à manquer dans le monde que le Niger n’en pâtirait pas », a-t-il poursuivi.
Par contre, des ressources qui n’ont pas une importance majeure dans le cadre du commerce global revêtent cependant un caractère critique pour les Nigériens au regard de leur mode de vie. Abdou Moumouni a cité à ce propos le sel gemme dont la production au Niger représente un enjeu plus important que celle de l’uranium.
Cet exemple du Conseiller spécial du Président de la république du Niger visait à illustrer sa vision selon laquelle le paradigme actuel de l’exploitation minière en Afrique est basé sur des besoins et des intérêts externes aux Africains.
A la prochaine génération de prendre ses responsabilités
« Nos mines servent à donner de l’emploi à des gens qui ne sont pas chez nous, n’interagissent pas avec notre économie », a-t-il clamé. La preuve en est qu’après plus de 40 années d’exploitation de l’uranium, le Niger a renoncé à près de 9 000 milliards de FCFA à travers des exonérations fiscales pour attirer des investisseurs miniers et n’a gagné en retour qu’environ 600 milliards de FCFA au titre des recettes. Ce qui démontre de son avis que les intérêts divergent en matière d’exploitation minière.
D’où sa recommandation à ce que les Africains définissent leurs objectifs, leur trajectoire ainsi que les ressources qu’ils souhaitent mettre à profit pour assurer son développement. « Au sein de l’AES, nous devrons déterminer ce qui est stratégique et critique pour nous », a-t-il déclaré, tout en précisant que le minerai critique est celui dont la rupture peut entrainer un dysfonctionnement majeur dans le pays.
La vision du Conseiller spécial commande toutefois que les défis liés à la bonne gouvernance, à la sécurité, au financement et à la technologie soient jugulés, a fait remarquer l’expert Léandre Yaméogo, modérateur de ce panel.
« Allons-nous reproduire la même erreur qu’avec l’uranium ? Est-ce que les pays africains vont continuer à se faire soutirer les ressources minières sous le manteau ? », s’est-il interrogé. Pourtant des bons exemples existent, de l’avis de Monsieur Yaméogo se référant à l’Afrique du Sud, la Tanzanie ou la Zambie qui ont réussi, selon lui, à mettre en place des systèmes de développement de leurs secteurs miniers profitables aux Etats et aux populations locales.
Les discussions autour de cette réflexion avec l’assistance ont relevé la nécessité d’identifier les faiblesses rencontrées dans le passé afin de les éviter, et surtout de parvenir à créer un tissu industriel et de flux financiers alimentés par le secteur minier local. Une responsabilité qui incombe à la prochaine génération à qui il revient de prendre ses responsabilités, de l’avis de l’expert Léandre Yaméogo.