Services financiers : le Burkina veut renforcer son intégration dans les chaines de valeur mondiales et régionales
Le Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA), avec l’appui de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), a organisé un atelier national de validation des rapports d’étude sur l’intégration du Burkina Faso dans les chaines de valeurs dans le domaine des services financiers et d’un plan d’action national sur la promotion du commerce des services et le renforcement des chaînes de valeurs liées aux services financiers au Burkina Faso, les 16 et 17 décembre 2024, à Ouagadougou.
La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) veut contribuer à promouvoir le commerce des services au Burkina Faso, notamment les services financiers. Pour ce faire, en collaboration avec le gouvernement burkinabè, une étude sur l’analyse de l’intégration du Burkina Faso dans les chaines de valeur mondiales et régionales, avec un accent particulier sur le secteur des services financiers, a été réalisée.
Cette étude entre dans le cadre du projet de renforcement des chaines de valeurs dans le domaine des services financiers, qui vise à libérer le potentiel des services financiers du Burkina Faso en vue de tirer le meilleur profit de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
L’étude devrait être accompagnée d’un plan d’action national sur la promotion du commerce des services et le renforcement des chaînes de valeurs liées aux services financiers au Burkina Faso. La validation de ces différents documents était au centre d’un atelier national les 16 et 17 décembre 2024, à Ouagadougou.
Selon Pr Patrice Zidouemba de l’équipe des consultants, l’analyse quantitative provisoire issue de l’étude montre que l'indice de participation globale du Burkina Faso dans les chaînes de valeur mondiales (CVM) a progressé de manière continue entre 2002 et 2019, atteignant un pic de 26 %, avant de chuter à 15 % en 2020 sous l'effet de la crise de la COVID-19, puis s’est établi à 25 % en 2022.
« Cette dynamique est principalement portée par une forte participation en amont, traduisant une forte implication du Burkina Faso dans les premières étapes du processus de production. En revanche, la participation en aval reste faible mais en progression, indiquant sa contribution limitée aux étapes finales de ce processus », a-t-il expliqué.
Faible taux de pénétration des services financiers
Il ressort que les secteurs du transport, de l’éducation, de la santé, du commerce de gros et de détail, de la construction, des Poste et télécommunications, des équipements électriques et machines, de l’hôtellerie et la restauration sont les secteurs qui bénéficient le plus des services financiers dans la création de leurs valeurs ajoutées ; ce qui s'explique par leur important besoin de financement, notamment en termes d’infrastructures et de services logistiques.
Pour ce qui est de la contribution des secteurs non financiers à la valeur ajoutée domestique des services financiers, elle a diminué au fil du temps, passant d’environ 4 % dans les années 1990 à 2 % en 2022. Cette baisse révèle une autonomisation croissante des services financiers par rapport aux secteurs non financiers.
Pour ce qui est de l’étude de cas du secteur financier burkinabè, présentée par la consultante Fatoumata Ki/Ouédraogo, elle vise à déceler les difficultés qui entravent l’intégration du commerce des services financiers burkinabè aux Chaînes de valeur régionales et mondiale.
L’offre de services financiers au pays des Hommes intègres est assurée principalement par 16 banques, 4 établissements financiers, 16 sociétés d’assurance, 124 systèmes financiers décentralisés (SDF), 10 fonds nationaux de financement, 15 fintechs, 4 émetteurs de monnaie électroniques (EME), La Poste Burkina Faso, 3 sociétés de gestion et d’intermédiation, 6 opérateurs spécialisés, 3 intermédiaires en opérations de banques, 2 structures de prévoyance sociale, a indiqué Mme Ki.
Le taux global de pénétration démographique des services financiers (bancaires, microfinance, monnaie électronique), c’est-à-dire le nombre de points de services pour 10 000 adultes, était de 108 en 2021, 116 en 2022 et de 94 en 2023. Ce taux est tiré par celui des services de monnaie électronique qui était de 110 en 2021, 114 en 2022 et 92 en 2023.
Pour ce qui est du taux de pénétration géographique de ces services financiers, c’est-à-dire le nombre de points de services sur 1 000 km2, il était de 491 en 2021, 554 en 2022 et 470 en 2023.
Au niveau des assurances, la couverture du territoire national reste très faible. En effet, le taux global de pénétration démographique des services assurantiels était de 0,20 en 2021, 0,21 en 2022 et 0,28 en 2023, a poursuivi la consultante.
Accroître la présence régionale des banques burkinabè
S’agissant du taux global de pénétration géographique des services assurantiels, il s’établit à 0,85 en 2021, 0,94 en 2022 et 1,09 en 2023. Selon l’étude, la Covid-19 a eu un impact sur le secteur financier burkinabè ; elle a occasionné, entre autres, l'augmentation des créances douteuses, le rationnement du crédit, la préférence de la liquidité au sein des ménages face à l’incertitude, l’augmentation de l’utilisation de la monnaie électronique.
Le secteur financier burkinabè subit également les conséquences de la guerre russo-ukrainienne et de la crise sécuritaire et humanitaire que connait le Burkina Faso. Malgré ce contexte difficile, l’évolution du bilan, du chiffre d’affaires et du résultat net montre que les établissements de crédit restent résilients ; mais avec une tendance haussière des créances en souffrances.
Des résultats provisoires de l’étude, il ressort que le Burkina Faso pourrait tirer parti des opportunités offertes par la ZLECAf pour renforcer son rôle dans les chaînes de valeur des services financiers mondiaux en général, et africains en particulier.
En diversifiant les partenaires régionaux, en augmentant la valeur ajoutée domestique des exportations de services financiers et en améliorant les capacités institutionnelles, le pays pourra accroître sa compétitivité sur le marché continental. Mais pour y arriver, il lui est recommandé de renforcer l'intégration des services financiers dans les chaînes de valeur africaines en profitant des accords de facilitation des échanges de service de la ZLECAf pour exporter davantage de services financiers (crédits export, assurance-crédit, garanties de paiement), d’accroître la présence régionale des banques burkinabè en ouvrant des bureaux de représentation dans les pays africains, de moderniser l’infrastructure des paiements transfrontaliers à travers la connexion au système PAPSS (Plateforme panafricaine de paiement et de règlement).
Renforcer la cybersécurité des services financiers
Recommandation a également été faite de renforcer la cybersécurité des services financiers pour sécuriser les flux financiers transfrontaliers et protéger les données des utilisateurs, mais aussi de soutenir les fintechs locales pour la mise à disposition des services de financement innovants (crédits numériques, solutions de micro-assurance) à destination des entreprises burkinabè opérant sur le marché de la ZLECAf.
Le représentant du ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Komikiyoaba Nalkessé, a souligné le rôle primordial que jouent les services financiers dans les processus de transformation économique et structurelle des pays africains, surtout dans le contexte de la mise en œuvre de la ZLECAf.
« La présente activité, permettra au Burkina Faso, de disposer de rapports consolidés sur la dynamique du secteur des services financiers et pourra servir de cadre idéal pour réfléchir sur l’épineuse question du secteur, liée à la mise à disposition des données statistiques et la traçabilité des activités commerciales de services, en particulier des services financiers », a-t-il relevé.
Mr Nalkessé a traduit la gratitude du département en charge du commerce à la CEA et à la CNUCED pour leur engagement en faveur du renforcement des capacités des acteurs des services financiers, de la promotion du secteur des services financiers et de l’amélioration des chaînes de valeurs régionales et mondiales.
Le représentant de la CEA, Joseph Baricako, a indiqué que ce projet s’inscrit dans les efforts croissants de la CEA pour aider les pays membres dans les différents domaines. Il vise, a-t-il soutenu, à promouvoir les échanges de services en Afrique et une participation effective et significative des pays africains dans les chaînes de valeur régionales et mondiales des biens et services.
A l’issue des deux jours de travaux, les participants issus des institutions financières et de l’administration publique ont validé les différents documents, sous réserve de la prise en compte des différents observations et amendements.
Ra-Yangnéwindé