Développement : le Sénégal sur le pas de quitter le rang des pays les moins avancés
Le Sénégal a réalisé des progrès notables dans le domaine du développement économique et humain et pourrait être le 5e pays africain à sortir de la catégorie des Pays les moins avancés (PMA), après le Botswana, le Cap-Vert, la Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe.
Le Sénégal pourrait ne plus figurer la liste des Pays les moins avancés (PMA) en décembre 2029, si le pays maintient sa dynamique actuelle de progression dans les domaines économique et humain. L’option est envisageable depuis l’adoption en fin décembre 2024 par l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution portant sur le retrait du Sénégal de la liste des pays les moins avancés (PMA), à l’issue d’une période préparatoire de cinq ans, qui s’achèvera en décembre 2029.
« L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/79/L.49, relative à la sortie du Cambodge et du Sénégal de la catégorie des pays les moins avancés. Les deux pays sortiront de la catégorie des PMA le 19 décembre 2029 après s'être vu accorder, à titre exceptionnel, une période préparatoire prolongée de cinq ans pour leur permettre de se préparer efficacement et d'assurer une transition sans heurts », lit-on dans un communiqué du département des Affaires économiques et sociales de l’ONU.
Dans cette perspective, les deux pays (le Sénégal et le Cambodge) ont été invités à mettre en place des stratégies nationales de « transition sans heurts », avec l’aide des organismes des Nations Unies et en collaboration avec leurs partenaires commerciaux et de développement bilatéraux, régionaux et multilatéraux. Le département des Affaires économiques et sociales de l’ONU rappelle par ailleurs que « le fait d’être retiré de la catégorie des pays les moins avancés est un événement capital, qui signifie des progrès vers la réalisation d’au moins une partie des objectifs de développement ».
Le Sénégal a réalisé entre 2014 et 2019 une croissance annuelle moyenne de 6%. Mais les attentes n’ont pas été satisfaites en 2023 et en 2024 avec des taux de croissance de 4,1 % et 5 %, du fait notamment des effets de la covid-19 et de la guerre en Ukraine ainsi, que des tensions politiques locales. Toutefois, les perspectives économiques mises à jour en fin d’année 2024 par le Fonds monétaire international (FMI) prévoient pour le pays de la Teranga une progression du produit intérieur brut en 2025.
Coup de pouce de la manne pétrolière
Le Sénégal peut miser en effet sur l’évolution de son industrie pétrolière avec l’entrée en production du gisement pétrolier de Sangomar et du projet gazier GTA. Le début de l'exploitation des hydrocarbures donne ainsi des perspectives économiques très favorables à moyen terme pour le Sénégal et par conséquent, permet d’envisager à nouveau une croissance à deux chiffres en 2025.
Institué en 1971 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la catégorie des pays les moins avancés vise à attirer un soutien international particulier pour ses membres les plus vulnérables et les plus défavorisés. Ce statut donne à ces pays le droit à un accès préférentiel aux marchés, à l’aide au développement, à une assistance technique spéciale et à un renforcement des capacités en matière de technologie.
Après un examen triennal de la liste des PMA, le Comité des politiques de développement (CPD), un organe subsidiaire du Conseil économique et social de l’ONU, peut recommander d'ajouter des pays à la liste ou de les retirer, en se basant sur trois critères socio-économiques. Il s’agit du revenu national brut par habitant en dollars ; le seuil d'inclusion est de 1088 dollars ou moins alors que le seuil de sortie est de 1306 dollars ou plus.
Le deuxième indicateur est l’indice du capital humain, notamment le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, taux de mortalité maternelle, le taux d'alphabétisation des adultes, etc. Le troisième critère de sortie renvoie à l'indice de vulnérabilité économique et environnementale, qui mesure des facteurs tels que la dépendance à l'égard de l'agriculture et la vulnérabilité aux catastrophes naturelles.
Sur les 44 PMA actuels, 32 se trouvent en Afrique, 8 en Asie, 3 au Pacifique et 1 aux Caraïbes. A ce jour, huit pays sont sortis de la catégorie de la catégorie. Ce sont le Botswana en 1994, le Cap-Vert en 2007, les Maldives en 2011, Samoa en 2014, la Guinée équatoriale en 2017, Vanuatu en 2020, le Bhoutan en 2023 et Sao Tomé-et-Principe en 2024.
Toutefois, un pays peut refuser son inscription sur la liste des PMA, comme ce fut le cas du Zimbabwé, de la Bolivie ou de la Corée du Nord.
Mouni N’GOLO